L'Élysée tarde à dévoiler son choix pour France Télévisions

Nicolas Sarkozy fait durer le suspense, comme embarrassé soudain du pouvoir qu'il s'est octroyé, celui de nommer les patrons de l'audiovisuel public. Mardi, Claude Guéant, son directeur de cabinet, aurait confié que le choix s'était porté sur Rémy Pflimlin, actuel dirigeant des messageries de presse Presstalis (ex-NMPP), pour remplacer, le 24 août, Patrick de Carolis à la tête de France Télévisions. Une information du site lepoint.fr, confirmée à l'AFP mardi soir. On attendait l'annonce mercredi. Rien n'est venu. Le porte-parole de l'Élysée, Franck Louvrier a répété en boucle : « aucune décision n'est prise. On vous avertira ». De quoi impatienter les parlementaires des commissions qui doivent donner leur aval au choix de l'Élysée et voudraient pouvoir le faire avant la fin de la session, le 13 juillet. Rémy Pflimlin, profil plutôt centriste et consensuel, ancien patron des « Dernières Nouvelles d'Alsace », qui a dirigé France 3 de fin 1999 à l'été 2005, serait un choix de raison. Sur fond d'affaire Woerth?Bettencourt, après le limogeage des humoristes de France Inter, l'intervention présidentielle dans le rachat du « Monde », la nomination du candidat de coeur, Alexandre Bompard, jeune patron d'Europe 1, ex-membre du cabinet de François Fillon, parrainé par Alain Minc, et donc marqué « ami du pouvoir », risque d'apparaître comme une provocation de trop. Pour autant, les rumeurs récurrentes autour de son nom pourrait le déstabiliser à Europe1 (lire Coulisses Page 40). Les observateurs ont vu dans la fuite de Claude Guéant aux parlementaires UMP, sa victoire sur Alain Minc, autre conseiller du château. Couper court aux critiquesLe casting annoncé, - Pflimlin associé à Jean-Pierre Cottet pour les programmes, ex-producteur, qui a aligné entre 1994 et 2002 huit ans de carrière au sein de la télévision publique, soient deux personnalités expérimentées de l'audiovisuel public - couperait court aux critiques d'une nomination purement politique. C'est sous le règne de Rémy Pflimlin qu'a été installé à l'antenne, l'indéboulonnable feuilleton « Plus belle la Vie » de France 3. C'est aussi lui qui prônait en 2004 le doublement des heures de programmes produits dans les régions de France 3. Un passé favorable pour achever les négociations sociales au sein d'un groupe en pleine réorganisation, où les principales forces syndicales sont à France 3. La non-reconduction de Patrick de Carolis, actuel PDG, de la liste finale semble, elle, ne plus faire de doute. Depuis qu'il a refusé de discuter avec Nicolas Sarkozy de l'équipe qui l'entourerait dans ce second mandat, préférant garder son équipe actuelle, la messe serait dite. L'ultime échange public, entre un Carolis déclarant sur Canal Plus le 8 juin que le président de la République ne ferait pas un bon directeur des programmes, et le chef de l'État, glissant à des journalistes, qu'il n'avait pas trouvé « cela très habile », témoigne de la difficulté de leurs relations depuis deux ans. Difficultés qu'aucun bilan ne semble pouvoir aplanir. Un bilan auquel les commissions sénatoriales des finances et de la culture ont pourtant décerné mercredi dans leur rapport sur les comptes de France Télévisions, un satisfecit. Elles ont estimé la transformation en entreprise unique « bien engagée », même si des points restent à améliorer, et la maison « bien tenue ». De fait l'équilibre des comptes atteints en 2009 devrait se confirmer en 2010, avec des rentrées publicitaires dont l'excédent par rapport aux prévisions dépassera 50 millions d'euros, selon nos informations et 9 millions d'euros d'économies sur les programmes renégociés avec les animateurs-producteurs pour 2010-2011. Le rapport du Sénat rappelle l'État à son devoir d'assurer un financement pérenne et solide à France Télévisions quelle que soit, in fine, la décision de supprimer ou pas la publicité en journée après 2012. Une décision sur laquelle le rapport ne se prononce pas. Mais pour Jean Arthuis, président de la Commission, la situation budgétaire ne permet pas d'envisager une dotation budgétaire supplémentaire de 200 millions d'euros pour financer France Télévisions. Là dessus non plus, le chef de l'État laisse planer le doute. Quel que soit le futur président de France Télévisions, cette incertitude pèsera sur le début de son mandat.
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