Prisa fait face à sa dette en cédant des actifs

MédiasPetit à petit, Prisa poursuit sa politique de désengagements. Le groupe espagnol éditeur du quotidien « El País » a annoncé lundi qu'il allait céder 25 % de sa maison d'édition Santillana au fonds DJ South American Partners pour 247 millions d'euros, et, en deux étapes, 35 % de sa filiale portugaise Media Capital, pour 157,5 millions, à un autre fonds, Ongoing Strategy Investment. De ces deux opérations, la première est la plus significative. D'abord pour sa valeur symbolique : Santillana fut la marque à partir de laquelle Jesús Polanco, le président de Prisa décédé en 2007, a créé son empire. Et ensuite parce que la maison d'édition, centrée sur les livres scolaires et leader du monde hispanophone dans ce domaine, est moins sensible aux cycles économiques : c'est la seule filiale du groupe à avoir vu son chiffre d'affaires progresser au premier semestre de 2009 (+ 4,6 % en glissement annuel).Empêtré dans une dette qui avoisine les 5 milliards d'euros, avec la perspective, en mars prochain, de l'échéance d'un prêt syndiqué de 1.950 millions d'euros, déjà plusieurs fois prorogée, Prisa accélère ainsi la stratégie annoncée par son administrateur-délégué, Juan Luis Cebrián, lors de l'assemblée générale (AG) des actionnaires en juin dernier : vendre des actifs « tout en maintenant l'actuel périmètre de consolidation du groupe ». C'est-à-dire céder des participations minoritaires dans certaines filiales tout en gardant leur contrôle. Une stratégie inaugurée en 2007 avec la vente au fonds 3i de 16,2 % d'Unión Radio. Parallèlement, l'éditeur d'« El País » recherche de nouveaux actionnaires au niveau du groupe lui-même, comme l'américain Instore Broadcasting Network, qui a acquis en août 4,95 % de son capital. Enfin, il a vendu la plupart de ses immeubles, dont le siège d'« El País » à Madrid, et s'est retiré d'activités marginales, en fermant son réseau de télévisions locales, Localia, et sa chaîne de librairies, Crisol. Désormais, le portefeuille de participations minoritaires ne compte plus que des petites radios en Amérique du Sud pouvant potentiellement intéresser des investisseurs locaux.restructurer SogecableSi ces mesures permettent d'alléger l'étreinte financière à court terme, elles risquent de ne pas être suffisantes tant que le groupe ne réussit pas à restructurer, comme il le souhaite, sa filiale audiovisuelle Sogecable (qui représente 40 % du résultat du groupe), en se concentrant sur sa chaîne gratuite Cuatro et en revendant son canal payant Digital Plus. Mais les négociations à ce propos avec le tandem Vivendi-Telefónica ont échoué en décembre, le vendeur réclamant 2,5 milliards d'euros et les acquéreurs n'offrant pas plus de 1,9 milliard, avec une éventuelle prime variable en fonction des résultats. Depuis, la situation s'est plutôt compliquée pour Digital Plus : s'il disposait auparavant d'une confortable position dominante (ses seuls rivaux se situaient dans le câble et le haut débit), il devra dorénavant faire face à une concurrence nouvelle avec l'introduction de la TNT payante. Dans un tel contexte, il est peu probable qu'apparaisse un acquéreur potentiel disposé à se montrer plus généreux ! Du coup, Prisa pourrait être contraint de revoir ses prétentions à la baisse et Vivendi pourrait à nouveau regarder le dossier. Thierry Maliniak, à Madrid
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