Toulouse, une ville en performance

Il a souvent été en avance sur son temps, présentant dès les années 1990 de la photographie plasticienne alors que personne ne s'y intéressait. De la vidéo à l'orée de l'an 2000, alors que ce médium était encore confidentiel. Sans oublier les médiateurs culturels dont il parsemait les lieux d'expositions pour aider les spectateurs à comprendre ce qui leur était présenté, avant que cela ne devienne la règle des musées d'art contemporain. Aussi Le Printemps de Septembre a-t-il aujourd'hui choisi de mettre le genre de la performance à l'honneur pour fêter son vingtième anniversaire. Et de faire intervenir près de 150 artistes dans 35 lieux toulousains ou des environs.«?Nous assistons depuis quelques années à un véritable retour de la performance sur le devant de la scène, confie Eric Mangion, le directeur artistique de la manifestation. Il nous a donc paru important d'axer le festival autour de cette pratique pour comprendre où elle en est.?» Mais qu'est-ce que la performance?? «?C'est l'art du geste et de l'action, poursuit Mangion. Mais cela implique une confrontation au public, la conquête d'un nouvel espace et une hybridation des genres.?»On ne saurait que trop conseiller aux visiteurs d'aborder cette 20e édition par un détour au Château d'Eau qui abrite la seule exposition historique du Printemps de Septembre. On y découvre à travers des panneaux explicatifs que la performance a vu le jour à la fin du XIXe?siècle avant de prendre de l'ampleur dans les années 1960 grâce à des artistes comme Tinguely, Tadeusz Kantor, Yves Klein ou les actionnistes viennois.Reste ensuite à donner à voir ces manifestes, interventions publiques, happenings, actions, opérations conceptuelles ou charnelles, gestes à la lisière du théâtre, de la danse et du spectacle d'hier et d'aujourd'hui. Et c'est là où le bât blesse. Certes, les artistes sont invités à réaliser des performances tout au long du festival. Tel Joris Lacoste, qui, tous les jours à 14?heures, hypnotise un visiteur dans son cabinet d'hypnose installé à l'Espace Croix-Baragnon avant de lui demander de raconter ce qu'il a vécu face caméra. D'autres proposent des performances à la limite de la caricature, absconses et prétentieuses, comme Michael Portnoy.Quoi qu'il arrive, ces expériences restent éphémères. Au final ce sont donc essentiellement des traces de happenings passés qui sont montrés dans les expositions. À l'image de celles, inégales, du Musée des Abattoirs. On est, par exemple, bluffé par le travail d'Olivier Dollinger qui a d'abord choisi une poignée d'oeuvres de la collection du musée, comme cette lacération rouge de Lucio Fontana. Il a ensuite demandé à un magicien d'exécuter des tours en reprenant les formes exposées. Son action a été filmée. Elle est aujourd'hui diffusée à travers un très beau film présenté aux côtés des tableaux et sculptures dont il s'est inspiré. Mais en l'absence physique du magicien, l'ensemble tient de l'installation et non plus de la performance.Yasmine Youssi, à Toulouse Le Printemps de Septembre, à Toulouse, «?Une forme pour toute action?», jusqu'au 17?octobre. www.printempsdeseptembre.com.
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