Luc Chatel prêt à travailler

éducationUn pavé dans une mare déjà très opaque. Le récent rapport de la Cour des comptes, qui estime que la réforme de la carte scolaire a renforcé la ghettoïsation, a remis ce sujet très sensible sur le tapis. Dans son enquête sur « L'articulation entre les dispositifs de la politique de la ville et de l'Éducation nationale dans les quartiers difficiles », la juridiction constate que l'assouplissement de la carte scolaire, appliqué à partir de la rentrée 2007, a intensifié le phénomène d'évitement dont souffraient déjà certains collèges, notamment ceux situés en zone d'éducation prioritaire. 186 des 254 collèges « ambition réussite » auraient ainsi perdu « jusqu'à 10 % » de leurs effectifs. Résultat, une concentration accrue des élèves en difficulté et socialement défavorisés dans certains établissements. Bref, tout le contraire des objectifs de renforcement de la mixité scolaire et sociale fixés à Xavier Darcos en 2007 par le chef de l'État, fait valoir Michel Richard, secrétaire général adjoint du SNPDEN (personnels de direction de l'Éducation nationale), qui rappelle que le but ultime est de supprimer définitivement la carte scolaire.Cet état des lieux avait déjà été ébauché par le rapport Obin-Peyroux (inspection générale) d'octobre 2007, qui pointait la faible prise en compte des boursiers dans les demandes et une désaffection des collèges défavorisés. Quant à la moyenne nationale des demandes de dérogation, minimisées par le ministère, elles cachent de fortes disparités entre zones rurales et d'éducation prioritaire, s'insurge Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa. Le rectorat de Créteil, par exemple, ne nie pas la baisse des effectifs dans certains établissements, mais argue que, ainsi, les classes, moins nombreuses, sont ? pour l'heure ? mieux encadrées?état des lieuxInterpellé par plusieurs syndicats, qui demandent un état des lieux précis sur le sujet et que soit réglementée la réforme, le successeur de Xavier Darcos, Luc Chatel, réfute le bilan de la Cour des comptes. Non seulement, la perte des effectifs ne s'élèverait qu'à 7 %, mais en plus cette enquête « à charge » n'a été menée que dans trois académies, reproche-t-on dans son entourage, en rappelant les dérives hypocrites du passé (« délits d'initiés » de nombre de parents, notamment enseignants?). Pour autant, le ministre, « sensible » aux propositions syndicales (le Sgen-CFDT propose de travailler sur des bassins d'éducation tout en encadrant la mobilité), a commencé à les recevoir et à travailler sur le sujet. Des mesures devraient bientôt être annoncées.
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