Le dollar s'enfonce dans des sables mouvants

L'indice pondéré du dollar face aux monnaies des six principaux partenaires commerciaux des États-Unis a accusé son cinquième mois de baisse consécutif, cédant 17 % de sa valeur depuis août, à l'époque ou Ben Bernanke avait préannoncé la remise en marche de la planche à billets, qui avait pris effet début novembre, avec un programme d'achat de 600 milliards de dollars de titres de la dette publique des États-Unis sur huit mois. Au cours du seul mois d'avril, cet indice pondéré a cédé 3,8 % de sa valeur et se dirige tout droit vers son record de faiblesse qui remonte à mars 2008, dont il n'est plus éloigné que de 3 %. C'est le reflet de la dégradation généralisée du dollar, du divorce désormais consommé entre les acteurs du marché des changes et celui qu'ils avaient longtemps sélectionné comme leur actif refuge privilégié. C'est ainsi que vendredi le franc suisse a pulvérisé un nouveau record historique de vigueur face au billet vert en se propulsant jusqu'à 0,8645, tout comme le dollar australien, deux monnaies qui tiennent désormais la vedette sur le marché des changes, l'une parce qu'elle est l'apanage d'un pays économique vertueux et l'autre parce qu'elle est une monnaie matières premières qui plus est assortie de taux d'intérêt attractifs, de 4,75 %. Grande monnaie la plus performante du monde depuis le début de l'année avec le forint hongrois, le rouble russe affiche, lui, une hausse de 12 % depuis janvier face au dollar. Hausse que va renforcer le deuxième relèvement des taux de la Banque de Russie depuis le début de l'année : vendredi, elle a annoncé une hausse d'un quart de point de son taux directeur, porté à 8,25 %.Attaquer la barre de 1,50Face à l'euro, dont la montée n'a pas la même fulgurance, le dollar ne s'approche pas moins de la barre psychologique, à défaut d'être un seuil chartiste, de 1,50, que l'on n'a pas revisitée depuis octobre 2009. Au plus haut dans les transactions de la semaine écoulée, la monnaie unique a poussé une pointe jusqu'à 1,4880 dollar, niveau près duquel elle stationnait encore à la veille du week-end. La semaine qui s'ouvre va donner un boulevard aux vendeurs de dollars pour s'attaquer à cette fameuse barre de 1,50. Jeudi, la Banque centrale européenne tient son premier conseil depuis le 7 avril, date à laquelle elle a procédé à la première hausse de son taux directeur depuis juillet 2008, le portant d'un plancher historique de 1 % à 1,25 %, au nom de la lutte contre une inflation de plus en plus « poisseuse ». Or vendredi, la première estimation de l'indice des prix d'avril de l'office européen des statistiques Eurostat a eu de quoi horrifier la BCE : il a amplifié sa progression ressortant en hausse de 2,8 % contre 2,7 % en mars, franchissant pour le cinquième mois consécutif la ligne rouge de 2 % qu'elle lui assigne. Si aucune hausse des taux n'est programmée en mai, la BCE pourrait donner dès jeudi le signal d'un nouveau tour de vis monétaire pour juin.
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