Crise européenne : la BCE appelée à la rescousse

La Banque centrale européenne préparait ouvertement sa stratégie de sortie de crise et, lors de sa conférence de presse du début novembre, son président, Jean-Claude Trichet, avait donné rendez-vous à ses interlocuteurs le 2 décembre pour en détailler les modalités et le calendrier. Et, patatras, la brutale aggravation de la crise de la dette souveraine dans la zone euro a remis en cause cette feuille de route. Trichet est à nouveau appelé à jouer à la fois le pompier et le Messie. Les marchés attendent de lui qu'il ouvre plus grandes encore les issues de secours, qu'il éteigne l'incendie et qu'il rende aux acteurs des marchés leur sérénité perdue.D'ores et déjà, la BCE qui semblait avoir mis un terme à son programme de rachats de titres des dettes publiques des pays en détresse, mis en place en mai au plus fort de la crise grecque, a dû le réactiver pour parer aux turbulences qui secouent maintenant l'Irlande et menacent de dégénérer vers les autres pays du « club Med ». Après trois semaines d'interruption de ces rachats, l'institut d'émission de Francfort s'est porté acquéreur la semaine dernière de 1,348 milliard d'euros de titres de dette, le montant le plus élevé depuis deux mois, contre 713 millions la semaine précédente, ce qui porte à un total de 67 milliards d'euros ses rachats d'obligations publiques depuis mai. Rachats systématiquement stérilisés pour ne pas mettre en péril la mission de gardienne de la stabilité des prix.Deux optionsCe jeudi, jour de la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, deux options s'offrent à ses sages : renforcer l'arsenal de mesures conventionnelles ou dégainer « l'arme nucléaire ». La première option conduirait la BCE à proroger le dispositif d'allocations de liquidités aux banques en quantités illimitées et à taux fixe lors de ses opérations de refinancement, qui devait prendre fin à la mi- janvier. Quitte à continuer à tolérer l'addiction des banques à la monnaie de la banque centrale, devenue le prêteur en premier ressort et non, comme le veut sa mission, en dernier. La BCE a déjà mis fin à ses opérations exceptionnelles à six mois et un an, dont la dernière arrivera à échéance le 23 décembre, mais elle a, depuis, interrompu le processus de normalisation et sert toutes les demandes des banques lors de ses adjudications de routine à une semaine et à un et trois mois. Ce serait faire preuve de « flexibilité » que de prolonger ces mesures non conventionnelles durant le premier trimestre de 2011, tout en répétant qu'elles sont « par nature transitoires ».Face aux dysfonctionnements obligataires et au regain de tension sur le marché monétaire, la seconde option est celle de l'arme nucléaire, ainsi baptisée par les marchés dès le mois de mai, car la BCE avait dû se faire violence pour utiliser un outil qu'elle avait jusque-là récusé. La BCE pourrait annoncer qu'elle renforcera, si besoin, son dispositif de rachats d'emprunts d'État - ce qu'elle a déjà commencé à faire. Mais il est tout à fait improbable qu'elle aille au-delà, notamment qu'elle s'engage sur des objectifs chiffrés qui risqueraient de « stresser » les marchés au lieu de les rassurer. Et d'avoir des répercussions politiques négatives, notamment dans les pays vertueux de la zone euro.
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