Des omnibus bondés, des demi-mondaines aux robes insensées, des bandes d'aigrefins dévalisant les passants, des rues bouchées par les travaux... Cela pourrait être Paris en 2011, mais il s'agit bien de la capitale à la fin du XIXe siècle, telle que l'ont chroniquée trois grands observateurs de leur temps, Henri de Toulouse- Lautrec, Honoré Daumier et Théophile-Alexandre Steinlen.À partir de leurs dessins parus dans les gazettes et journaux d'époque, l'exposition « Daumier, Steinlen, Toulouse-Lautrec - La Vie au quotidien » retrace une journée à Paris.Daumier (1808-1879), le doyen, nous parle des petits métiers, comme le « ravageur » qui ramassait les petits clous et la ferraille dans les rues, ou des avancées techniques balbutiantes, à l'image du macadam, transformé en mélasse les jours de chaleur. Daumier se fait caustique, utilise l'humour noir.Steinlen (1859-1923), le moins connu du trio, arpente le pavé, croque les piliers de bar et les boutiquières parigotes d'un coup de crayon élégant et vif.Enfin Toulouse-Lautrec (1864-1901), à l'heure où Daumier s'endort, se fait cruel et acéré dans ces représentations des tentations nocturnes, en grand amateur du Moulin Rouge et autres cabarets plus douteux.Le visiteur passe du jour à la nuit grâce à un parcours astucieux et fluide. Les explications sont superflues, tant les lithographies et les quelques toiles sont parlantes et criantes de vérité. Quelques films d'époque évoquent cette vie quotidienne effrénée et dure dans un Paris en pleine mutation, à l'aube du XXe siècle. En fin de parcours, la maison close, destination ultime du Parisien en manque de sensation forte...Francine Guillou« Daumier, Steinlen, Toulouse-Lautrec - La Vie au quotidien », au Palais Lumière à Évian, jusqu'au 8 mai 2011. Tél. : 04.50.83.15.90 ou www.ville-evian.fr

latribune.fr

03 Mars 2011, 16:36

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