Finance : l'effet de bascule

Voilà une comparaison qui en dit long. Les dix premiers fonds spéculatifs au monde ont fait gagner à leurs investisseurs 28 milliards de dollars au second semestre 2010, 2 milliards de plus que les bénéfices cumulés de six des plus grands noms de la banque anglo-saxonne, selon des données de LCH Investments. On peut discuter de tout, de la période de référence, de l'échantillon des banques, de la nature même des chiffres comparés. Le constat reste pourtant sans appel. Il témoigne de la place prise par les « hedge funds » dans la finance mondiale. Une place d'autant plus impressionnante que ces fonds n'emploient que quelques milliers de salariés, quand les six banques de l'échantillon en font travailler un... million ! Au sortir de la plus grave crise depuis 1929, la hiérarchie de la planète finance apparaît bel et bien bouleversée. En 2008, les faillites n'ont épargné ni les « hedge », ni les banques, et la vague de concentration qui s'en est ensuivie a frappé indistinctement dans chaque camp. Mais les fonds spéculatifs qui ont survécu, apparaissent aujourd'hui plus forts que jamais. Et l'on ne voit pas, dans les nouvelles règles qui leur sont imposées, ce qui pourrait les freiner. Ils doivent faire l'objet d'un agrément et communiquer à leurs superviseurs des informations sur leurs effets de levier. Ce qui paraît bien le moins. Les banques, en revanche, lestées par des exigences accrues de fonds propres, voient leur rentabilité amoindrie. Après Barclays et Credit Suisse, le britannique HSBC annonçait, en début de semaine, un « return on equity » inférieur aux 15 à 20 % traditionnellement atteints avant la crise financière. Ce déséquilibre devrait s'installer dans la durée. [email protected]
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