« L'emploi intérimaire a effacé huit ans de croissance »

François Davy, président du Groupe Adecco France Quelle est votre analyse de l'exercice 2009 ?En 2009, malgré une amélioration au quatrième trimestre, l'effondrement du marché du travail temporaire a eu un impact important sur notre rentabilité. D'autant que cette situation a été accentuée par une concurrence forte entre les différents acteurs du travail temporaire. La situation demeure tendue sur les prix. Et cela reste la priorité du groupe.L?intérim est-il en train de repartir ?Nous sommes encore en retrait de 25 % à 30 % par rapport à 2007, année record pour le secteur. Mais globalement, la tendance s'est positivement inversée au cours du mois de janvier. Nous avons été le premier secteur touché, et le plus fortement, et, alors que la crise continue, les effectifs intérimaires sont en augmentation constante. Ils restent en retrait de 2 % à 3 % en janvier par rapport à l'année dernière, mais la croissance sera positive sur février.Les constructeurs automobiles semblent plus pessimistes...Depuis la mi-2009, nous avons des croissances très fortes dans ce secteur et cela se poursuit. Les effectifs dans la filière automobile, et pas seulement chez les constructeurs, sont élevés. Au début de la crise, ce secteur avait été le premier à arrêter le recours aux intérimaires. Et dès que l'activité repart, ils ont recours à l'intérim, mais n'embauchent pas. Pour 2010, l'absence de visibilité du secteur joue en notre faveur. Il est probable que cela baissera sur le second semestre mais cela n'atteindra pas les baisses brutales de 2009, qui étaient dues aux « surstocks ».Quels sont les secteurs qui font le plus appel aujourd'hui à l'intérim ?Au quatrième trimestre 2009, nous avons constaté que des clients de l'industrie lourde, qui avaient complètement arrêté le recours à l'intérim au début de l'an passé, sont de retour. En revanche, le bâtiment, qui emploie un intérimaire sur quatre, reste toujours en retrait d'environ 10 % au dernier trimestre 2009, par rapport à la même période de l'année précédente. Mais la baisse est de moins en moins forte. Le second oeuvre, directement lié aux mises en chantier, reste dans une situation difficile. Enfin, les services ont moins chuté et offrent de bonnes perspectives, notamment la banque et l'assurance. Mais ils représentent encore de trop faibles volumes.La sortie de crise est-elle proche ?Le manque de visibilité reste important. Pour le travail temporaire, le test sera l'été, c'est-à-dire le troisième trimestre, car c'est une période intense pour le BTP. Pour la France, cette amélioration devrait se confirmer, mais est toujours tempérée par un écart significatif par rapport à 2007. En fonction de l'endroit où l'on se place, on peut parler d'amélioration ou de très lent retour à la situation antérieure. En l'espace d'une année, 2009, le marché a effacé huit ans de croissance ininterrompue et est revenu au niveau de 2001. Il va falloir une amélioration considérable pour que l'on revienne aux niveaux que l'on a connus. Propos recueillis par Héléna Dupuy et Isabelle Moreau
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