Quand la banque Santander crée une ville à sa mesure

Arrêt Cantabria du métro aérien de Madrid. Nous sommes à Boadilla del Monte, siège de la cité financière de Banco Santander, à 25 kilomètres de la capitale. Depuis son inauguration en 2004, 8.500 personnes se rendent chaque jour à la cité, jonchée d'immeubles futuristes et d'oliviers millénaires. Ne pénètre pas qui veut dans cette enceinte : il faut d'abord prendre rendez-vous, puis passer les différents contrôles, attendre enfin qu'arrive notre accompagnateur, car il n'est pas permis de circuler librement à l'intérieur du centre. Autant dire qu'interdiction est faite de prendre des photos. Une cité pleine de secretsMais que cache donc cette mystérieuse cité ? Tous les services centraux de la première banque espagnole, ainsi que deux centres de données placés sous très haute surveillance, puisqu'ils rassemblent l'intégralité des opérations réalisées par les clients de Santander. Cela ne couvre qu'une partie des 240 hectares sur lesquels s'étend la cité. On y trouve, en outre, tous les services d'un centre-ville : restaurants, gymnase avec piscine et terrains de tennis, coiffeurs, médecins, épiceries, crèche de 500 places, centre de formation, hôtel, musée d'art, etc. Les salariés et actionnaires de la banque peuvent même s'adonner au golf, sur le terrain de 18 trous qui agrémente la cité.Un projet un brin mégaloLa légende veut qu'Emilio Botin, le président de Santander, ait conçu ce projet un brin mégalo suite à la visite de la cité de First Union en Caroline du Nord (Etats-Unis) en 1989. 15 ans et 650 millions d'euros plus tard, sortait de terre la cité financière Santander, dessinée par l'architecte nord-américain Kevin Roche. En 2008, Santander l'a vendue à Propinvest, investisseur immobilier britannique, pour 1,9 milliard d'euros, dans le cadre d'une opération de lease-back d'une durée de 40 ans.La productivité en questionL'objectif était entre autres d'augmenter la productivité grâce au gain de temps occasionné par la concentration des bureaux et des services. Aucune donnée n'a été publiée à cet égard. Un cadre relève néanmoins que l'éloignement du site est incommode lorsqu'il s'agit d'aller voir un client dans le centre de Madrid, par exemple. Quant à l'adaptation des employés au nouveau siège, la dernière enquête disponible date de 2006 et fait état de la satisfaction de 54% d'entre eux. Le ravissement n'est pas unanimeTout le monde n'est pourtant pas si content. Un consultant externe au centre affirme que les 1.500 prestataires de services issus d'autres entreprises et certains stagiaires qui fréquentent les lieux quotidiennement n'ont pas accès à pléthore de services proposés, comme la salle de sport ou, même, les restaurants. La banque a apporté des réponses contradictoires à ce sujet. Quoiqu'il en soit, selon ce consultant, les « externes » ont baptisé la cité « la prison dorée».
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