Les nouveaux horizons du « made in France »

Surtout, ne rien rater. Cette semaine, Anne-Marie Idrac s'est envolée pour le Turkménistan, l'Ouzbékistan et le Kazakhstan, emmenant dans ses bagages plusieurs dizaines d'entreprises tricolores. Ce n'est pas la première fois que la secrétaire d'État chargée du Commerce extérieur fait le choix de l'exotisme dans ses déplacements.On se souvient qu'en novembre Anne-Marie Idrac avait accompagné 46 entreprises lors d'une visite éclair à la première foire internationale de Bagdad depuis 1991 et le déclenchement de la première guerre du Golfe. Elle fera de prochains déplacements dans les pays non francophones d'Afrique australe, dont l'Afrique du Sud, mais également dans les pays du Caucase.Réduire le déficit commercialLes comptes extérieurs de la France sont en effet si mal en point qu'il serait imprudent, ou inconscient, de ne pas profiter du potentiel économique de pays politiquement et/ou économiquement risqués. La balance commerciale n'a pas affiché d'excédent depuis 2003, l'amélioration des comptes observée en 2009 étant essentiellement due à l'allégement du coût de la facture énergétique lié au repli des cours du brut l'année dernière. Le déficit commercial s'était élevé à 43 milliards d'euros en 2009, contre 55,4 milliards un an plus tôt.Concrètement, on estime à Bercy qu'on ne peut pas compter sur la seule Europe vers laquelle se dirigent les deux tiers environ de nos exportations, pour stimuler le commerce extérieur. Un sentiment qui se justifie d'autant plus que l'activité économique observée sur le Vieux Continent est quasi atone actuellement."Il n'y a pas que les pays exotiques qui sont dans le viseur. Il y a également les pays émergents en forte croissance qui ont des besoins en infrastructures très importants et auxquels les entreprises françaises ont les moyens de répondre", précise-t-on dans l'entourage de la ministre.Ubifrance applique la même politiqueL'agence pour le développement à l'international Ubifrance adopte une stratégie similaire. Elle a récemment accompagné 70 entreprises françaises à la foire internationale de Madagascar, une trentaine d'entreprises à des foires agroalimentaires en Australie et en Nouvelle-Zélande.Après la catastrophe subie par Haïti, l'agence a également fait le déplacement avec une vingtaine de sociétés spécialisées dans les travaux publics et les services collectifs comme le traitement de l'eau. Elle a aussi pris la route de l'Angola et du Mozambique. Dans une quinzaine de jours, elle retournera au Chili, accompagnée par Anne-Marie Idrac pour participer à l'effort de reconstruction du pays dévasté par un tremblement de terre en février. En octobre, Ubifrance accompagnera 26 entreprises en Libye.Le redressement des comptes extérieurs de la France n'est pas la seule raison qui explique les déplacements exotiques d'Anne-Marie Idrac. L'intervention de l'État se justifie aussi par la nature particulière de ces marchés où le secteur privé est embryonnaire, voire absent, où la quasi-totalité des décisions économiques et commerciales relève de l'État. Dans un certain nombre d'entre eux, et c'est notamment le cas en Asie centrale où s'est déplacée la ministre cette semaine, la présence du gouvernement français est quasiment indispensable pour nouer des relations commerciales.
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