Pourquoi le rêve de Bharti-MTN a échoué

télécomsC' est raté : la vision grandiose de la création d'un géant mondial de la téléphonie mobile dominant l'Afrique, le Moyen-Orient et le sous-continent indien s'est effondrée mercredi avec l'abandon du projet de fusion entre l'indien Bharti Airtel et le sud-africain MTN. Lancées officiellement fin mai, les négociations portaient sur la création du troisième opérateur mondial de téléphonie mobile, regroupant Bharti Airtel (numéro un en Inde avec plus de 100 millions de clients) et MTN (numéro un en Afrique du Sud et présent dans plusieurs dizaines de pays d'Afrique et du Moyen-Orient). Le nouveau groupe aurait compté 200 millions de clients, dans des zones en croissance très rapide, avec un chiffre d'affaires cumulé de 20 milliards de dollars.Seulement voilà : les responsables des deux entreprises ont dû renoncer, et ce pour la deuxième fois après l'échec de négociations similaires menées en 2008. Le communiqué publié par Bharti met en cause les autorités sud-africaines, qui ont fait savoir qu'« elles ne pouvaient approuver » la structure de l'opération. Très complexe, la structure en question prévoyait que l'opérateur indien prenne 49 % de MTN, tandis que le sud-africain et ses actionnaires prendraient 36 % de Bharti. En définitive, l'indien aurait clairement eu le dessus. Déterminées à conserver son caractère national à MTN, les autorités de Pretoria ont demandé à ce que la nouvelle entité soit l'objet d'une double cotation en Inde et en Afrique du Sud. Problème, la loi indienne interdit une telle pratique. Et si les autorités de New Delhi ont fait savoir qu'elles n'étaient pas forcément hostiles à une évolution de la loi, cela ne pouvait se faire rapidement.lourdes conséquencesOfficiellement soutenue par les deux gouvernements, la constitution de ce géant du mobile dans les pays émergents a en réalité suscité de fortes réticences. Et les autorités indiennes n'ont en fait pas mis une folle ardeur à soutenir le projet. L'autorité de contrôle des marchés financiers a bizarrement choisi de modifier, courant septembre, les règles sur les OPA dans un sens qui aurait pu alourdir considérablement la facture pour les actionnaires de MTN. Tout cela alors que les deux pays font partie d'une alliance économique à trois, avec le Brésil, qui se veut en pointe dans le monde émergent. Déplorant l'échec d'un projet exemplaire de « coopération Sud-Sud », vendredi, « The Times of India » exhortait New Delhi à réformer la législation afin de permettre aux entreprises indiennes de « rêver grand »?Pour les deux entreprises, les conséquences de cet échec sont lourdes. MTN échoue pour la troisième fois à se marier avec un groupe indien : outre ses deux tentatives avec Bharti, le sud-africain avait négocié en 2008 avec son concurrent Reliance. Bharti, pour sa part, doit maintenant trouver d'autres relais de croissance. Les spécialistes le verraient bien s'intéresser à un autre opérateur très présent au Moyen-Orient et en Afrique, le koweïtien Zain, déjà convoité par un consortium mené par un petit groupe indien, et avec qui Vivendi a même négocié un temps. Mais les analystes de Citi estiment que Bharti pourrait bien se focaliser sur la « consolidation imminente » des télécoms en Inde. n
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