Les États inquiètent plus que les entreprises

detteLes marchés financiers envoient des signaux pour le moins inhabituels. La banque Goldman Sachs relève ainsi que les titres de dette de certaines entreprises européennes, par le biais des contrats d'assurance sur leur risque de défaut (les « credit default swaps »), semblent aujourd'hui autant voire moins risqués que ceux de leur propre pays d'origine.Au 30 septembre, le « credit default swap » (CDS) mesurant le risque d'un défaut d'ici cinq ans de l'Italie cotait en effet 68 points de base de plus que le taux de référence, contre moins de 50 pour les banques transalpines Intesa Sanpaolo, Mediobanca et l'énergéticien ENI. Même constat au Royaume-Uni, dont le CDS cote 43,8 points de base, soit près de 20 points de plus que Imperial Chemical et 3 de plus que British Petroleum.Le phénomène est également observable en Espagne avec Altadis, ainsi qu'aux Pays-Bas et en Autriche. Mais paradoxalement, comme le remarque Goldman Sachs, la probabilité d'un défaut d'un pays développé est historiquement très faible, de l'ordre de 0,3 %, et bien inférieure à celle d'une entreprise. « Cette configuration peut s'expliquer par le fait que certaines grandes sociétés, qui réalisent une large part de leur activité à l'international, ont un risque de crédit sensiblement différent de celui de leur pays de référence », souligne Philippe-Henri Burlisson, directeur de la gestion de taux de Groupama Asset Management. Par ailleurs, « la plus grande liquidité des contrats CDS sur les grands États par rapport à ceux de certaines entreprises peut entraîner une sous-évaluation du risque de défaut de ces dernières », ajoute-t-il.Selon Goldman Sachs, la détente des primes mesurée par les CDS depuis les plus-hauts de mars a davantage profité aux entreprises qu'aux États européens. Le succès des émissions obligataires des entreprises depuis le début de l'année a en effet écarté leur risque de liquidité. Mais la capacité des États à relever leurs taxes et, en dernier ressort, racheter leur dette en faisant marcher la planche à billets, devrait d'après la banque remettre les choses en ordre.Julien Beauvieux
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