L'artiste fait l'objet d'une grande exposition à la Royal Ac...

Anish Kapoor, sculpteur de l'imaginaireIl y a dix-huit ans, Anish Kapoor recevait le Turner Prize, l'une des distinctions britanniques les plus convoitées et prestigieuses dans le milieu de l'art contemporain. L'artiste avait alors 37 ans et on parlait déjà de lui comme de l'un des sculpteurs les plus importants et influents de sa génération. Aujourd'hui, la grande exposition qui lui est dédiée à la Royal Academy of Arts de Londres signe la consécration de son talent.Né à Bombay en 1954, le sculpteur s'est installé à Londres en 1973. À sa sortie de la Chelsea School of Art & Design, il est rapidement rattaché au mouvement de la « nouvelle sculpture anglaise » avec d'autres artistes comme Tony Cragg ou Richard Deacon. Comme lui, ces derniers utilisent de nouveaux matériaux et cherchent des façons inédites d'aborder l'objet.Le travail d'Anish Kapoor explore l'immatérialité. Comme un magicien, il nous entraîne dans ses tours de passe-passe. Un miroir sans reflets ou qui nous renvoie la vision d'un monde à l'envers, un disque de quelques centimètres d'épaisseur qui nous donne l'illusion d'un puits sans fond? Avec Anish Kapoor, ce qui nous paraît vide est souvent plein, ce qui semble convexe est certainement concave. Provoquer des vertiges, questionner nos perceptions, atteindre le psychologique par le physique, voilà ce qui intéresse ce sculpteur de l'imaginaire.Démesurées En 2002, comme Louise Bourgeois et Juan Muñoz avant lui, Anish Kapoor est invité par la Tate Modern à penser une ?uvre pour occuper l'immense hall du musée londonien (plus de 150 mètres de long et 35 de hauteur). Le résultat, « Marsyas », consiste en deux immenses anneaux métalliques reliés par un tuyau de PVC rouge, fin en son milieu, tendu à ses extrémités pour former une ouverture béante. Un peu comme une gigantesque trompette à double pavillon prête à aspirer le monde. L'artiste est devenu un spécialiste de ce type d'installations démesurées depuis la fin des années 1990. Un bloc de cire de plusieurs mètres de haut au musée des Beaux-Arts de Nantes, des miroirs géants en acier poli dans la chapelle de la Salpêtrière ou, en ce moment, des bulles d'acier qui s'envolent vers les cieux au c?ur de la cour de la Royal Academy of Arts? En 2011, c'est à la nef du Grand Palais de Paris qu'il s'attaquera pour l'événement « Monumenta ».Les ?uvres spectaculaires d'Anish Kapoor ont beaucoup contribué à faire parler de lui. Dans les années 1980, les prix de ses pièces les plus chères se comptaient en dizaines de milliers d'euros, à partir des années 2000 on parle en centaines de milliers voire en millions d'euros, pour les pièces uniques comme pour les multiples. En juillet 2008, l'artiste atteignait son record à Sotheby's Londres avec une sculpture en albâtre emportée à 2.173.000 euros, plus d'un demi-million au-dessus de son estimation haute. C'était juste avant que les effets de la crise économique se fassent ressentir sur le marché de l'art.Profits et reversSi Anish Kapoor a profité de la flambée des prix de l'art contemporain indien observée en 2008 (une hausse de l'indice des prix de + 3.230 % sur la décennie d'après l'agence Art Market Insight), il en a aussi subi les revers. À la fin de cette même année, plusieurs de ses ?uvres ne trouvaient pas preneurs dans les salles de ventes. D'autres étaient cédées au-dessous de leurs estimations basses. En octobre 2008 par exemple, une sculpture partait à 258.000 euros, à peine la moitié de ce qui était espéré. Des résultats à relativiser tout de même puisque deux jours plus tard, toujours à Londres, une autre de ses sculptures, estimée à 380.000 euros, trouvait preneur à 410.000 euros. Reste que depuis cette période, près de la moitié des lots proposés en ventes aux enchères n'ont pas trouvé preneur. Une ?uvre d'Anish Kapoor restant sur le banc de touche, cela ne s'était produit que quelques très rares fois entre 2005 et 2007.Désormais, les ?uvres se vendant le mieux sont celles dont les tarifs restent abordables (des peintures à quelques milliers d'euros). Dans les tranches de prix plus élevées, seules quelques-unes des sculptures miroirs qui ont rendu l'artiste célèbre continuent d'affrioler les acheteurs (820.000 euros à Sotheby's Londres en février dernier, 550.000 euros pour une autre à New York en mai) tout en restant assez éloignées des prix pharaoniques atteints les années passées. La tendance reste incertaine. Il faudra surveiller les résultats de cette rentrée pour savoir si la cote partiellement amochée de l'artiste reprendra du poil de la bête comme cela pourrait être le cas après l'exposition d'envergure présentée à la Royal Academy of Arts.Olivier Le Floc'hÀ Londres jusqu'au 11 décembre. www.royalacademy.org.uk
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