Le Grenelle comme principe de gouvernement

Le Grenelle de l'environnement est-il une méthode politique transposable ? Oui, répond le ministre du Développement durable, Jean-Louis Borloo, dans un entretien publié mardi par le quotidien « Le Parisien » au cours duquel il préconise « un Grenelle de la fiscalité ». Au-delà de la méthode, consistant à envoyer, par une communication travaillée, des signes positifs vers l'opinion à la demande de l'Élysée, Jean-Louis Borloo estime donc que la machine Grenelle qui fut mise en place en 2007 est un modèle. « Je dis simplement que je crois que c'est une méthode très difficile, plus exigeante, plus risquée apparemment [...] mais qui démontre son efficacité » une « nouvelle forme de démocratie participative », a-t-il jugé. On serait étonné de l'entendre dire le contraire, lui qui fêtait mardi la remise du premier rapport d'évaluation du Grenelle de l'environnement piloté par la société Ernst & Young dans lequel le dispositif Grenelle est largement encensé.Mais quelle est donc cette méthode plébiscitée que 67 % des personnes interrogées dans un sondage Ifop paru mardi jugent « assez bonne » ? Le Grenelle de l'environnement a débuté quelques semaines après l'élection de Nicolas Sarkozy dont c'était un engagement de campagne. Pendant quatre mois, entre juin et septembre 2007, cinq partenaires se sont retrouvés autour de tables rondes thématiques : l'État, les associations environnementalistes, le Medef, les syndicats et les représentants des collectivités locales. Objectif : dégager des consensus sur des sujets qui, jusqu'alors, n'avaient pu être abordés par les différentes parties que de façon conflictuelle. « Jean-Louis Borloo et les membres de son cabinet passaient leur temps à aller et venir entre les tables pour tenter de lever les divergences », raconte un des participants. « Parfois ça marchait, mais quand aucun compromis ne se dégageait, le sujet était alors mis au placard », poursuit-il. C'est ainsi, par exemple, que le thème du nucléaire fut totalement absent des débats. La faute aux représentants de l'État eux-mêmes puisque dès l'ouverture du Grenelle, Nicolas Sarkozy avait prévenu qu'« on ne toucherait pas au nucléaire ».Manque de volonté d'aboutirUn scénario identique sur le fond mais différent dans la forme fut appliqué à la fiscalité verte. Le Grenelle n'ayant pas dégagé de consensus sur taxe carbone - pardon, la contribution climat énergie ! -, sa création fut remise à plus tard. Avec le bonheur que l'on connaît puisqu'elle fut d'abord censurée par le Conseil constitutionnel puis remise aux calendes européennes.Ce qui prouve que la méthode Grenelle n'est pas infaillible. Et que sans volonté d'aboutir, rien ne sert de débattre. Par ailleurs, si la démarche a connu un tel succès au moment de sa mise en oeuvre, c'est aussi parce qu'elle est née au lendemain de l'élection présidentielle. « Personne ne voulait aller contre la volonté du nouveau président », raconte un des participants. Efficace, la méthode Grenelle a ainsi permis d'aboutir à plus de 250 décisions. Grâce à ses deux atouts : une dynamique politique forte et le contournement des sujets trop sensibles. Une réforme de la fiscalité lancée en 2011 ne bénéficierait pas de la première et l'on sait par avance que le sujet fâchera très sérieusement.
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