Broadway exporte son industrie à Paris

Plus de 700 représentations en deux ans, et bientôt le cap du million de spectateurs franchi : pour sa troisième saison entamée le 2 octobre, « le Roi Lion », continue à remplir 7 jours sur 7, à plus de 90 % les 1.628 sièges du théâtre Mogador (Paris IXe). Des places vendues en moyenne 58 euros, pour lesquelles la clientèle d'abord parisienne s'est élargie cette saison à un public familial et provincial. Cette superproduction mobilise en permanence 115 comédiens, danseurs, chanteurs, techniciens, musiciens, évoluant dans 200 décors, 400 costumes à l'esthétique audacieuse.À quelques centaines de mètres, aux Folies Bergère, le même producteur, Stage Entertainment, après « Cabaret » et ses 350.000 spectateurs accueillis en dix-huit mois en 2006-2007, a mis à l'affiche le 5 novembre « Zorro, le musical », adaptation française d'un spectacle créé à Londres il y a deux ans, d'après un roman d'Isabel Allende, avec danses flamencas et musique des Gypsy King. Ces jours-ci, l'équipe de Stage Entertainment France, dirigée depuis un an par Sandrine Mouras (ex-Sony Music), travaille sur le casting de l'adaptation française d'un autre succès mondial, « Mamma Mia ! », avec la musique du groupe Abba, qui devrait être créé à Paris à la rentrée 2010.La greffe du show musical façon Broadway qui tient l'affiche pendant des années est-elle en train de prendre à Paris ? À Londres et New York, « le Roi Lion » fait toujours salle pleine, dix ans après sa création par la filiale « Theatrical » de Disney, producteur du film éponyme en 1994. Décliné dans treize pays, il a été vu par 50 millions de spectateurs et a généré plus de 3,6 milliards de dollars de recettes, selon Disney.« Faire découvrir en France ce qu'est le théâtre musical de Broadway », c'est, selon Sandrine Mouras, l'ambition de Stage Entertainment France. Créée en 2005, la société française est l'une des huit filiales européennes d'une société hollandaise. Son fondateur, Joop van den Ende, n'est autre que le « Ende » d'Endemol, le producteur de télévision. Il a cédé ses parts en 1998 pour se consacrer au spectacle vivant et est aujourd'hui l'unique actionnaire de Stage. Le groupe prévoit de réaliser 660 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2009 et présente vingt-six spectacles musicaux en Europe et aux États-Unis. Il a également racheté « Hollyday on ice » et ses tournées sur glace, et le spécialiste de la billetterie en ligne Topticketline.Pour s'implanter dans un pays, Stage s'installe dans un théâtre avec une concession de longue durée, comme dernièrement au théâtre national de Milan en Italie, ou, mieux, par un rachat pur et simple comme Mogador. Fermé pour deux ans en 2005, le théâtre parisien a été complètement rénové et aménagé pour la vie des artistes d'une grande production sédentaire, qui ne part jamais en tournée. À ce jour, Stage gère directement 30 salles de théâtre de 2.000 places maximum, aux Pays Bas, en Allemagne ou en Russie. Mais il doit aussi en louer, comme pour les Folies Bergères.contrat de licenceLe groupe a investi 60 millions d'euros pour l'achat, la rénovation de Mogador et la création du « Roi Lion ». Le spectacle est rentable depuis début 2009, mais l'investissement global s'amortira à plus long terme. Plus de 95 % chiffre d'affaires français proviennent de la billetterie, même si la location du théâtre pour des événements d'entreprises ou l'arbre de Noël de l'Elysée apportent des recettes annexes, tout comme la vente de produits dérivés (le CD par exemple). Si Stage Entertainment a commencé à créer ses propres shows, dans un pays comme la France encore « en développement » pour cette activité, Sandrine Mouras va faire son marché à Londres et à Broadway, auprès des grandes producteurs du genre ? Little Star, Andrew Lloyd Webber? Textes et musique sont traduits et réadaptées, mais l'équipe créative d'origine vient souvent transmettre son savoir-faire localement. Pour « le Roi Lion », le metteur en scène de théâtre et d'opéra américain Julie Taymor, qui a monté le spectacle pour Disney, est ainsi venue passer du temps à Paris. C'est un des éléments du contrat de licence conclu avec Disney, qui impose une reproduction à l'identique et à qui Stage reverse des royalties. Mais sur « Zorro », dont les droits ont été acquis auprès de Zorro Limited Production, Stage a pu adapter la dramaturgie au public français.
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