Le débat des 35 heures rattrapé par la bataille de la compétitivité

Après le duo Novelli-Longuet à l'UMP, c'est au tour de Manuel Valls de continuer à faire vivre au Parti socialiste la polémique sur les 35 heures hebdomadaires de temps de travail en proposant de « déverrouiller » les lois Aubry votées en 2000. Pour le candidat aux primaires du PS, « ceux qui ont la chance d'avoir un emploi doivent pouvoir travailler deux ou trois heures de plus sans avoir recours forcément aux heures supplémentaires, qui ont beaucoup coûté à l'Etat ».Selon Bercy, le coût de ces heures supplémentaires majorées de 10 % à 25 % exonérées de charges et d'impôts depuis le vote de la loi Travail emploi et pouvoir d'achat (Tepa) du 20 août 2007 s'est élevé à 1,36 milliard d'euros en 2010. Un coût supérieur à celui prévu par la loi de finances initiale (1,2 milliard).Mais déverrouiller les 35 heures, ce qui reviendrait à faire revenir la durée légale du travail à 39 heures, impliquerait le lancement d'un chantier d'une toute autre dimension : la remise à plat des allégements de charges sur les bas salaires mis en place par Alain Juppé en 1995, dont bénéficient les entreprises. Des allégements qui se sont envolés en 2000 en contrepartie de l'abaissement du temps de travail à 35 heures et qui s'élèvent aujourd'hui à 22 milliards d'euros.Or, et c'est l'argument de Xavier Bertrand, le ministre du Travail, partisan du statu quo, la fin de ces allégements de charges fragiliserait dangereusement la compétitivité des entreprises françaises, à peine convalescentes après le choc de la crise de 2008-2009. On comprend mieux pourquoi un grand nombre d'entreprises ne se battent plus vraiment pour la fin des 35 heures, et ce depuis longtemps. Au sein du patronat, le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, estime que le « problème » des 35 heures a été « résolu » dans les petites et moyennes entreprises. Ce manque d'empressement à rouvrir le débat n'est pas propre aux entreprises : au sein de l'exécutif, on estime que le sujet, qui a longtemps été un marqueur du clivage gauche-droite, est clos après les retouches apportées en 2008 (lire ci-dessous). RattrapageUne préoccupation bien plus large que la seule question des 35 heures occupe désormais les esprits, notamment au ministère de l'Industrie : le coût du travail français qui rattrape celui de l'Allemagne, notre principal partenaire et rival commercial. Le coût horaire de la main-d'oeuvre française, « qui représentait 87 % de celui constaté en Allemagne en 2000, est passé à 96 % en 2008 », relèvait en juin 2010 une étude de la Commission des comptes de la sécurité sociale. Pour expliquer ce rattrapage, il y a certes « la moindre progression des revenus nets et des prélevements assis sur les salaires » côté allemand, mais « également la baisse du nombre d'heures travaillées en France, alors que ce volume était le même dans les deux pays en 1997 », précise le document. Cette perte de compétitivité française expliquerait le différentiel de croissance entre les deux pays et notamment les déboires de la France à l'export.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.