La maison numérique, enjeu du salon de Las Vegas

Depuis une dizaine d'années, les spécialistes de l'électronique grand public promettent monts et merveilles à qui veut bien les écouter. Chacun décrit une maison disposant d'un excellent réseau. Il permet à nos photos, nos musiques et nos vidéos ou films préférés de nous suivre, pas à pas, dans n'importe quelle pièce. C'est possible... dans les laboratoires, dans les appartements témoins et les stands du Consumer Electronics Show (CES 2011), la grand messe annuelle de l'électronique grand public qui ouvre ses portes le 5 janvier à Las Vegas. Dans la vie courante, c'est beaucoup plus compliqué. Si l'on a acheté tout notre matériel électronique chez le même fabricant, on peut espérer une connexion relativement bonne entre les divers appareils. Mais si le lecteur Blu-ray a été acheté chez Philips, la télévision chez Samsung, la tablette chez Apple, le PC chez Dell et les enceintes chez Cabasse, alors bon courage ! À moins d'être un « geek », un fou de technologie capable de la maîtriser, le résultat sera une superbe installation, inutilisable.Alliances possiblesPourtant, les constructeurs se sont associés au sein d'une association, la DLNA pour Digital Living Network Alliance. On y a concocté un protocole réseau, l'UPnP (Universal Plug and Play) mais les résultats sont trop aléatoires pour séduire le marché. Or, contrôler et faciliter la consommation numérique des foyers est stratégique pour de nombreux acteurs. Les spécialistes de l'électronique grand public, tout comme les opérateurs télécoms ou ceux du câble et du satellite entendent ériger un octroi plus ou moins virtuel. Les premiers ont inventé le concept de télévision connectée à Internet et à divers bouquets de services. Les seconds concoctent des boîtiers de plus en plus intelligents, comme vient de le faire Free en France. Et il ne faut pas oublier les fabricants de console de jeux (Sony, Microsoft, Nintendo) qui ont leur mot à dire.Nous avons là les prémices d'une première bataille qui va se livrer à l'intérieur de l'appartement. Tout n'est pas figé et des alliances sont possibles. Certains fournisseurs de technologies, comme Technicolor, sont agnostiques. Ils proposent leur savoir-faire et leurs brevets à qui veut bien leur régler des royalties.Modèle économique du CloudCependant, la bataille du salon numérique va aussi se livrer hors les murs, dans ce qu'on appelle le « cloud computing », c'est à dire l'informatique à distance et mutualisée. Du coté des particuliers, les contenus produits à heberger sont du texte, des photos, de la musique, du chat, de la vidéo, des messages et tout ce qui se trouve, pêle-mêle, sur les réseaux sociaux. Du coté des éditeurs, il y a bien sûr de la musique, de la vidéo où des livres, mais aussi des logiciels et un tas d'autres services. Tout ces contenus peuvent être visionnés sur quatre écrans : le PC (ou l'ordinateur portable), la télévision, les smartphones et les tablettes. Il y a encore cinq ans, il était logique de stocker ce contenu chez soi, sur un disque dur. Aujourd'hui, il est plus efficace de le stocker ailleurs, dans le cloud. Les photos de famille vont sur Picassa ou Flickr, les vidéos de famille sur Youtube ou Dailymotion. Vidéos et photos se retrouvent sur Facebook.Pourtant, ce qui marche bien pour le contenu des particuliers n'existe pas encore pour le contenu des éditeurs. La technologie existe, mais les modèles économiques ne sont pas encore affutés. La vidéo à la demande balbutie, même si le succès fulgurant de Netflix aux États-Unis devrait donner des idées. Apple est en lice, Google l'est tout autant. Mais ils ne pénétreront pas partout. Des acteurs locaux puissant peuvent s'ériger et fournir des services à l'échelle d'un pays ou d'une grande région. L'histoire ne fait que commencer.
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