Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi : et si les espérances du gouvernement étaient déçues...

Chiffre contre chiffres. C\'est une habitude pour les gouvernements d\'indiquer les effets attendus sur l\'emploi et la croissance d\'un nouveau dispositif. Lors du précédent quinquennat, la loi Travail emploi et pouvoir d\'achat (TEPA) de 2007 devait apporter 0,3% de croissance annuelle. Adoptée un an plus tard, la loi de modernisation économique (LME) visait aussi à augmenter de 0,3% la croissance du PIB par an et permettre la création de 50.000 emplois supplémentaires par an. Ces deux paquets de mesure devaient donner la possibilité à la France d\'afficher un taux de croissance annuel potentiel de 3%. C\'était avant la crise... Les pronostics du gouvernement étaient battus en brèche par la plupart des experts.Alors que les contours exacts du crédit d\'impôt pour la compétitivité et l\'emploi (CICE) ne sont pas tous définis, notamment la question des contreparties, que les simulations en ligne sur le site du ministère de l\'Economie sont remises en cause par les experts, le gouvernement estime que l\'allègement de la masse salariale prévu par ce dispositif devrait permettre à l\'horizon de 2017 de soutenir l\'activité à hauteur de 0,5 point de PIB et de créer plus de 300.000 emplois.Un effet surestimé sur la croissance et l\'emploiL\'Observatoire français des conjonctures économiques (l\'OFCE) est bien moins optimiste. Selon ses calculs, le CICE permettrait la création de 145.000 emplois nets en 2017 puis 152.000 en 2018, permettant ainsi une baisse non négligeable tout de même de 0,6 point du taux de chômage à cet horizon. En 2013, 23.000 emplois seraient créés, soit 9.000 de moins qu\'attendu par le gouvernement. Pour mémoire, le CICE sera égal à 6% de la masse salariale, hors cotisations patronales, correspondant aux salaires de moins de 2,5 SMIC. Représentant 20 milliards d\'euros, son financement reposera pour moitié sur des économies supplémentaires sur les dépenses publiques, dont le détail n\'a pas été précisé, et pour moitié sur des recettes fiscales: une réforme de la TVA à compter du 1er janvier 2014 et un renforcement de la fiscalité écologique.Un impact limitéPour expliquer ses calculs, l\'OFCE anticipe un impact limité du crédit d\'impôt en termes de surcroît de croissance. Cinq ans après son lancement il offrirait un gain de 0,1 point de PIB. La hausse de 0,2 point de l\'activité serait compensé par un recul de la croissance de 2014 à 2016 dû à la perte de pouvoir d\'achat des ménages liée aux hausses d\'impôt et la réduction des dépenses publiques. La baisse des prix et le rétablissement des marges des entreprises qu\'anticipent Mathieu Plane, l\'auteur de l\'étude, auraient un impact insuffisant pour relancer l\'économie.Pas d\'effet sur l\'investissement Autre enseignement de cette étude, le CICE pèserait sur l\'investissement productif des entreprises. Si le dispositif permettrait de redresser les marges des entreprises, cet effet ne serait pas suffisant pour relancer l\'investissement, d\'autant plus que la demande resterait atone. Selon l\'économiste, la baisse du coût de travail inciterait plutôt les entreprises à arbitrer en faveur de la création d\'emploi plutôt que d\'investir en équipement par exemple. Le choc espéré par Louis Gallois n\'aurait donc pas lieu...
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