Les pleins pouvoirs américains au sein des Bourses européennes suscitent de nombreuses craintes

Si l'offre surprise de Deutsche Börse sur Nyse-Euronext n'avait pas manqué de provoquer toute une série de commentaires de part et d'autre de l'Atlantique, la nouvelle offensive américaine a déjà suscité quelques réactions et interrogations. Si Deutsche Börse, pour l'heure, se refuse à tout commentaire sur une éventuelle surenchère, Bercy se dit particulièrement vigilant et regarde les deux offres avec le prisme de la stabilité financière. « Quelle que soit l'option retenue, nous souhaitons que la stabilité financière sur le marché français soit assurée », précise un porte-parole.Et de fait, cette nouvelle offensive de la part des Américains complexifie encore un peu plus la place de Paris au sein du dispositif prévu. Certains redoutent que la spécificité française, à savoir les activités sur les actions et la technologie, ne soit totalement remise en question. « L'irruption d'une offre hostile par Nasdaq/ICE, sans que l'on ne connaisse les objectifs de l'offre, notamment dans sa partie européenne, crée une situation nouvelle. Nous ne souhaitons pas que l'avenir des Bourses européennes ne dépende que d'opérations financières, sans que puissent être discutées les règles, leur stratégie, et sans que les attentes des utilisateurs en Europe, et en France notamment, ne soient prises en compte. Aucun projet de consolidation boursière ne peut ignorer les souhaits de ses clients », déclare à « La Tribune » Gérard Mestrallet, le patron de Paris-Europlace.Clairement, cette offre est donc plutôt mal perçue en France et certains se demandent d'ailleurs si les régulateurs locaux - rappelons que Nyse-Euronext regroupe les places de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne et le Liffe londonien -, qui ont normalement droit au chapitre dans ce dossier, ne pourraient pas monter au créneau pour éviter cette mainmise.« D'un point de vue strictement américain, cette contre-offre va certainement apparaître meilleure pour certains. Mais à mon avis, dans une optique globale, la fusion avec Deutsche Börse est probablement une meilleure option. Elle est le résultat d'une volonté mutuelle et semble offrir une vraie ?globalisation? à la fois sur le marché actions et sur celui des dérivés. L'offre du Nasdaq est hostile et laisse encore planer trop de doutes sur la modification du paysage boursier qu'elle pourrait impliquer », lance Kenneth Polcari, responsable chez Icap Equities.Reste que l'offre de Nasdaq/ICE est aujourd'hui la mieux-disante et qu'elle propose, en outre, une partie en cash. Difficile, dans ces conditions, de mettre en avant les atouts industriels du projet de Deutsche Börse, la logique actionnariale devant l'emporter. À moins que les politiques ne viennent s'immiscer dans la danse. Pascale Besses-Boumard
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