Oublier Fukushima

L'homme est un animal étrange et déroutant. Capable, en un mois, de passer de la crainte pour la survie de l'espèce face aux dangers du nucléaire à l'inertie coupable d'un « après moi, le déluge » mâtiné d'un « encore quelques minutes, monsieur le bourreau ». Qui suit encore, mis à part au Japon, l'actualité de la centrale de Fukushima dévastée à la suite du séisme et du tsunami du 11 mars ? Qui se soucie des efforts des sauveteurs pour tenter de continuer à refroidir le coeur des réacteurs menacés, il y a peu encore, d'entrer en fusion ? Les cris d'alarme des antinucléaires, les doutes croissants des pros, tout cela s'efface au fil des jours, à peine perturbé par l'infatigable combat des ayatollahs verts de Greenpeace qui ont tenté cette semaine de bloquer le chantier de l'EPR de Flamanville, le réacteur de nouvelle génération français, garanti « sécurité maximale » grâce à sa double enceinte de confinement. Drôle de combat mais pas plus étrange que le discours de Nicolas Sarkozy ce mardi à la centrale géante de Gravelines, réaffirmant urbi et orbi le maintien de la stratégie nationale du quasi-tout-nucléaire et la poursuite des investissements dans la filière. Les Français ne sont donc pas mûrs pour l'ouverture d'un vrai débat sur le sujet. Et ils peuvent aussi s'en prendre à eux-mêmes. Car qui dans la population a vraiment envie de réfléchir à une solution pour remplacer 75 % de la production d'électricité de l'Hexagone ? La levée de boucliers face au projet d'installation d'éoliennes en mer au large des plages du débarquement est sans doute la réponse la plus éclairante sur cette maladie française de refus de recherche de solutions innovantes pour l'avenir, tout en faisant le gros dos face aux choix, même contestables, du passé. [email protected]
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