EN BREF

STRONG>LE FUTUR DE LA CRISENouriel Roubini, le « docteur catastrophe », qui avait largement anticipé la crise en 2006 lors d'une conférence au FMI, revient avec un nouvel ouvrage sur les enchaînements qui ont conduit (et conduisent toujours) le monde occidental au bord de la faillite. Ses arguments sont désormais largement connus et constituent une violente remise en question du capitalisme. Pour lui, bulles financières et capitalisme vont de pair. Toutefois, l'économiste et le coauteur Stephen Mihm, historien, ne tablent pas sur le « grand soir », mais avancent les grandes lignes d'une réforme jugée indispensable pour sauver le système. Le traitement appliqué à la finance est, sans surprise, de choc : interdiction des CDS, rémunération des traders en produits toxiques, remise à plat du modèle économique des agences, provisions ex ante pour les banques... Une analyse intéressante, notamment pour ceux qui ne connaissent pas Nouriel Roubini, mais qui reste trop centrée sur la finance. E. B. « Economie de crise », de Nouriel Roubini et Stephen Mihm. Jean-Claude Lattès (450 pages, 21,50 euros).L'AFRIQUE MODERNELe regard sur l'Afrique change. De continent « maudit », en marge du monde, il devient peu à peu porteur d'espoir, de croissance, d'innovation. Sans tomber dans l'afro-optimisme béat, il est clair que l'Afrique bouge, et ce, très vite, à l'image peut-être de ce que fut l'Asie dans les années 1970. C'est cette mutation que Matthias Leridon, passionné avant d'être expert, grand collectionneur d'art contemporain et mécène, tente d'appréhender à travers dix chapitres thématiques. L'explosion du téléphone mobile, le renouveau des universités, le développement des médias, le sport sont autant de facteurs de changement profond, autant de témoignages d'un continent plein d'initiatives, en marche vers la modernité. Bien sûr, les obstacles (politiques, économiques et culturels) restent immenses et... délibérément mis de côté. Cette réalité est déjà connue, analysée, commentée et doit continuer de l'être. Mais ce n'est pas ici le propos. C'est bien un autre regard que nous propose Matthias Leridon. E. B.« L'Afrique va bien », de Matthias Leridon. Éditions Nouveaux Débats Publics (200 pages, 18 euros).DES LABOS ET DES BOMBESL'actualité vient parfois percuter la fiction. Dans « Une longue cuillère pour le diable », le très efficace thriller d'Yves Mamou, journaliste au « Monde », on est surpris de retrouver certains ingrédients du drame qui s'est noué au large de Gaza. Il y est question d'une opération ultramédiatisée censée aider les malheureux habitants de l'enclave palestinienne, avec des intentions tout sauf transparentes et des résultats désastreux. Sauf que dans le roman, l'organisation islamiste qui manipule quelques idiots occidentaux utiles n'est pas le Hamas, mais le Hezbollah libanais. L'auteur mêle habilement trois domaines transnationaux a priori sans rapports entre eux : l'industrie pharmaceutique, le terrorisme proche-oriental et l'humanitaire version zozo. Une poignée de personnages bien campés se retrouvent embringués dans une machine infernale qui finira par écrabouiller la plupart d'entre eux. Ses rouages sont lubrifiés par tous les vices humains : le fanatisme, la bêtise, l'appât du gain, l'orgueil et l'aveuglement. La plongée dans les arcanes des grands labos et du marché mondial des médicaments donne à réfléchir. Celle dans le repaire libanais du Hezbollah donne le frisson. On ne vous en dit pas plus, allez voir. S. Gh.« Une longue cuillère pour le diable », de Yves Mamou. Editions Léo Scheer (320 pages, 19 euros).
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