Rhône-Alpes s'engage pour ses forêts

L'État, l'Office national des forêts (ONF), les communes forestières, les représentants de la forêt privée et les associations de protection de l'environnement se sont regroupés autour d'un plan pour la constitution d'un réseau de forêts en libre évolution en Rhône-Alpes. Les milieux forestiers y sont, en effet, très variés : forêts alpines et d'altitude, de plaines, méditerranéennes, forêts humides des vallées et bords de rivière... Il s'agit ainsi de laisser 10 % de la forêt non exploitée et d'augmenter les surfaces en réserve biologique intégrale. Une première en France. « Un accord a été signé au niveau national dans le cadre du Grenelle de l'Environnement, entre les acteurs de la forêt et France nature environnement (FNE), afin de produire plus de bois pour les matériaux écologiques de construction et le bois-énergie, tout en renforçant la préservation de la biodiversité forestière », explique Christopher Thornton, président de la Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature. En effet, la biodiversité est actuellement menacée par la monoculture et les méthodes d'exploitation. Une forêt artificielle ne compte que quelques centaines d'espèces, contre plus de 10 000, dont deux tiers d'insectes pour une grande forêt naturelle. « En Roumanie et en Scandinavie, les forêts anciennes ont, par ailleurs, été beaucoup moins touchées par les tempêtes que nos monocultures de Douglas du même âge qui ont tous été cassés à la même hauteur ». Les forêts en « libre évolution », où s'accumulent gros bois et matière organique, permettent en outre de stocker un important volume de CO2.Changement de mentalitéCette expérience rhonalpine traduit un changement dans la culture des forestiers. « Au niveau régional, nous avions depuis longtemps un souci avec le manque de vieux bois et de bois mort, nécessaires à la biodiversité. Or nous avons eu affaire à des fonctionnaires d'État et des représentants de la forêt qui ont eu envie de faire quelque chose d'ambitieux. D'où cet objectif de 10 %. » Cela va se jouer à trois niveaux : les forêts publiques gérées par l'ONF ; celles souvent situées dans des zones intéressantes détenues par des collectivités locales, dont on peut raisonnablement penser qu'elles vont jouer le jeu ; enfin, les forêts privées, où les propriétaires seront financièrement incités à ne pas exploiter ou verront leurs subventions coupées pour les pistes d'accès. « Ce processus prendra du temps car il faut environ 100 ans à la forêt pour retrouver son aspect naturel. Mais l'évolution de la biodiversité pourrait être visible d'ici cinq, dix ou vingt ans », estime Christopher Thornton. Un exemple à suivre...Muriel Beaudoing, à Grenoble
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