BCE : Mario Draghi se prépare à un exercice de communication difficile

Mario Draghi devrait demeurer en position d’attente ce jeudi lors de la réunion mensuelle de politique monétaire de la BCE. L’immense majorité des observateurs tablent sur un maintien du taux directeur à 0,5 % et du niveau de 0 % du taux de dépôt. L’essentiel résidera ailleurs. Particulièrement dans le discours du président de la BCE autour des deux sujets principaux qui inquiètent les marchés : la fin des mesures « exceptionnelles » de la Fed et la reprise des tensions sur les marchés de la dette périphériques de la zone euro.Reprise, mais pas tropCe sera donc d’abord un exercice de communication. Un exercice du reste assez ardu, car les signaux sont pour le moins contradictoires. D’un côté, les signaux de stabilisation de l’économie de la zone euro semblent se multiplier. Pas de quoi vraiment pavoiser encore, mais les indices d’activité s’améliorent lentement et la désinflation semble ralentir. Ceci inciterait plutôt la BCE à jouer le statu quo, voire à envisager une sortie de crise. Elle se gardera sans doute bien d’aller jusque là : la réaction des marchés à la tentative de Ben Bernanke de les préparer à une stratégie de sortie de crise est assez dissuasive. Il faudra donc être optimiste, mais pas trop, pour ne pas alarmer les investisseurs.La question des taux périphériquesL’exercice sera du même ordre sur la question du retour du risque périphérique. Les difficultés de Chypre, la crise politique au Portugal, les pénibles négociations de la Grèce avec la Troïka, la récession qui se poursuit en Irlande ont fait remonter les taux de ces pays ainsi que ceux de l’Espagne et de l’Italie. Sur ce point, la position de Mario Draghi est difficile : il ne manquera pas de défendre les positions de la Troïka, dont fait partie la BCE, mais il se gardera bien d’être trop alarmant.L’enjeu OMTAu cœur de cette stratégie de communication, il y a en effet le programme OMT que le président ne cesse de mettre en avant en se gardant bien de lui donner un cadre précis et concret. Il faut le conserver comme une arme de dissuasion, donc potentiellement opérante, tout en la maintenant en réserve. « Il est probable que Mario Draghi minimise la montée des taux au risque, sinon, de devoir sortir de l’ambiguïté [sur l’OMT], ce qui est souvent dangereux », estime Bruno Cavalier, économiste chez Oddo Securities. Mais le danger serait que cette attitude ne soit interprétée comme une volonté de ne jamais utiliser l’OMT. Car si on ne l’utilise pas dans le cas portugais, quand alors l’utiliserait-on ? « Plusieurs voix considèrent que l’OMT n’est que du bluff. Il vaudrait mieux que cette idée ne se généralise pas », souligne Bruno Cavalier. Bref, là encore l’équilibre sera difficile.Aide aux PME ?Reste la question de la distribution de crédit dans la zone euro. L’effet de la baisse des taux de mai demeure faible et le credit crunch se poursuit dans les pays périphériques. Certains observateurs, comme ceux de Natixis, estiment que la BCE pourrait élargir sa politique de collatéraux pour soutenir les crédits aux PME. Les banques centrales nationales peuvent déjà accepter certaines formes de prêts aux PME depuis décembre 2011. La plupart des économistes s’attendent néanmoins à une nouvelle temporisation sur le sujet : la reprise qui arrive pourrait régler le sujet sans mettre en péril le bilan de la BCE. Mais là encore il faudra être prudent et ne fermer aucune porte. En d’autres termes, Mario Draghi pourrait avancer sur une corde raide ce 4 juillet.  
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