Rafale contre Eurofighter aux Emirats : c'est aussi un match entre Paris et Londres

C\'est l\'un des duels aériens les plus féroces du moment : quel est l\'avion de combat - Rafale contre Eurofighter - qui équipera l\'armée de l\'air des Emirats Arabes Unis (EAU). Surtout c\'est un duel entre deux capitales européennes, Paris et Londres, qui se livrent une guerre diplomatique totale. C\'est dans ce contexte que le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, effectue une nouvelle visite très consistante de deux jours aux Emirats en fin de semaine, du samedi 6 au lundi 8 juillet. Lors du dernier salon de défense à IDEX en février, le ministre français a su nouer une bonne relation avec l\'homme fort des Emirats, le prince héritier cheikh Mohamed Bin Zayed Al Nahyan, principal décideur en matière de coopérations militaires, d\'achats d\'armement, d\'énergie et de culture (La Sorbonne, Le Louvre). Les deux hommes ont notamment partagé un déjeuner simple en dehors d\'un cadre protocolaire strict, ce qui leur avait permis de discuter librement du Rafale... et d\'autres dossiers de coopérations entre la France et les Emirats. Bref, le \"fit\" est passé... Le nouveau PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, qui connait bien les Emirats pour y avoir vendu 30 Mirages 2000-9 en 1998, dispose depuis le salon IDEX d\'une \"road map claire pour travailler\" de la part de Cheikh Mohamed.A Jean-Yves Le Drian de conforter cette bonne relation ce week end.  Le président de la République avait reçu avec tous les honneurs en juillet 2012 au Palais de l\'Elysée, Son Altesse cheikh Mohamed Bin Zayed Al Nahyan, qui sera, sauf accident, le prochain émir d\'Abu Dhabi et le prochain président des EAU, à l\'occasion d\'une visite qu\'il effectuait en France. C\'est aussi l\'interlocuteur privilégié de Paris en général, et des groupes de défense tricolores en particulier. Enfin, François Hollande avait maintenu une visite importante en janvier dernier aux Emirats en dépit du début de l\'intervention militaire française au Mali. La relation entre la France et les Emirats est une relation mure et approfondie par des années de coopérations. Elle n\'est surtout pas une relation au coup par coup en fonction des contrats commerciaux.Optimisme de BAE SystemsLondres joue également sa partition sur le plan diplomatique et industriel. BAE Systems intensifie ses campagnes Eurofighter à l\'export face au Rafale. Au salon du Bourget, BAE Systems, qui dirige la campagne commerciale du consortium Eurofighter GmbH (outre le britannique, EADS et l\'italien Finmeccanica en font partie) aux Emirats a fait preuve d\'un réel optimisme pour l\'Eurofighter. Le groupe britannique, qui a distillé à la plupart des interloculeurs rencontrés un souffle d\'euphorie, espère une décision cette année des EAU en faveur de l\'Eurofighter Typhoon, très fortement soutenu par le Premier ministre britannique David Cameron, pour un contrat portant sur le remplacement d\'au moins 60 Mirage 2000-9, un avion qui a particpé à l\'opération Harmattan en Libye.Pour quelles raisons les Britanniques entretiennent-ils un tel optimisme ? Info ou Intox ? Méthode coué ? Plusieurs raisons à cela. Car Londres croit en son étoile aux Emirats même si le duel Rafale/Eurofighter a toujours tourné en faveur de l\'avion français. Une pierre dans le jardin britannique. Et ce d\'autant que selon le vice-président d\'une division de Selex (groupe Finmeccanica), Chris Bushell, le carnet de commandes de l\'Eurofighter Typhoon à l\'export se tarira si le Royaume-Uni, l\'Allemagne, l\'Italie et l\'Espagne ne parachèvent pas leur accord de financement en faveur d\'un système de radar à balayage électronique... dont le Rafale est déjà équipé.La Reine VRP de l\'EurofighterSur le plan diplomatique, Londres a mis les petits plats dans les grands quand elle a reçu le président des EAU, l’Emir d’Abu Dhabi et commandant suprême des forces armées, cheikh Khalifa Bin Zayed Al Nahyan, qui a effectué une visite d’Etat de quatre jours en Grande- Bretagne fin avril-début mai. Même la reine Elisabeth II a été \"mise à contribution, personnellement, pour mieux réussir l’opération de séduction en direction de la classe dirigeante émiratie, et pour appuyer les approches officielles et commerciales au profit des industriels britanniques\", avait écrit la revue Middle East Strategic Perspectives. Cheikh Khalifa, qui détient les cordons de la bourse aux Emirats, a été sensible à cet accueil.Surtout, Londres compte sur le traité entre la Grande-Bretagne et les Emirats pour remporter la victoire. La signature d\'un contrat Eurofighter dont le montant est évalué à 10 milliards de dollars, enverrait, selon les Britanniques, un signal très positif sur la relation stratégique entre les deux pays. Dans ce cas-là, Londres installerait une base aérienne à Al-Minhad.
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