Procter & Gamble sacrifie ses marges

Alors que chacun s'interroge sur la reprise de la consommation, les résultats annuels du géant américain Procter & Gamble, propriétaire des rasoirs Gillette, des lessives Ariel ou des couches Pampers, étaient très attendus mardi. Les chiffres publiés par le groupe, inférieurs aux attentes, montrent que les consommateurs restent très frileux vis-à-vis des marques, obligeant les industriels à multiplier les promotions. Procter & Gamble se félicite ainsi d'avoir accru son chiffre d'affaires de 3 %, à 78,9 milliards de dollars (59,6 milliards d'euros), sur son exercice fiscal achevé le 30 juin. Il signale une accélération sur le dernier trimestre, en progression de 5 %, à 18,9 milliards de dollars. Mais, sur ce même trimestre, les volumes vendus ont grimpé, eux, de 8 %, le rythme le plus élevé enregistré depuis 22 trimestres, note le groupe. Preuve qu'il a gagné des parts de marché. Mais preuve aussi que les prix ont été un peu rabotés ou que les consommateurs se sont contentés de produits d'entrée de gamme. « Les consommateurs sans travail ou dont le poste est menacé réduisent leurs dépenses », a reconnu le PDG du groupe, Bob McDonald, en présentant ses résultats. Quant aux pays émergents, moteurs actuels de la croissance, ils consomment, certes, mais des produits bon marché. Procter signale ainsi que, dans le rasage, ces pays se ruent plutôt sur les jetables. D'où de belles progressions en volume, mais des prix unitaires moindres. Effets de change défavorablePour séduire les clients des pays développés et vanter les mérites des innovations qu'il lance par dizaines chaque année, le groupe indique avoir accru ses dépenses publicitaires de 1 milliard de dollars sur l'exercice, pour les porter à 8,6 milliards. Ce qui représente une hausse de 13 % en un an de ce budget, très supérieure donc à la croissance du chiffre d'affaires. Cet effort sur les volumes et la promotion pèse sur les marges. Sur le seul quatrième trimestre, la marge d'exploitation tombe ainsi à 15,6 % du chiffre d'affaires, contre 18,7 % un an plus tôt. Le bénéfice net reste très confortable, à 12,7 milliards de dollars sur l'exercice et 2,2 milliards sur le dernier trimestre. Mais il est quand même en repli, de 5 % sur l'année et de 12 % sur la période d'avril à fin juin. Le bénéfice par action du dernier trimestre ressort à 71 cents là où les analystes espéraient 73 cents en moyenne. Et pour la suite ? Pour le trimestre qui vient de démarrer, le groupe anticipe un bénéfice par action compris entre 97 cents et 1,01 dollar. Inférieur, là encore, aux anticipations des analystes interrogés par Bloomberg qui misaient sur 1,05 dollar. La croissance organique devrait à nouveau se situer entre 3 % et 5 %. Mais des effets de change défavorable risquent de réduire la croissance du chiffre d'affaires net de 3 % environ, prévient Procter. La Bourse a peu apprécié : le titre Procter a chuté de 3,9 % à l'ouverture de Wall Street avant de se reprendre un peu en cours de séance.
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