Le sprint des algorithmes

300 millisecondes pour un battement de cils, seulement 2 à 3 millisecondes pour exécuter un ordre de Bourse sur Nyse-Euronext et? peut mieux faire. Dans le registre « la mienne est plus rapide que la tienne », l'imagination des opérateurs de marché est sans bornes. En lançant sa nouvelle plate-forme de transactions lundi, la Bourse de Tokyo à son tour est entrée dans la plus invraisemblable course à l'échalote de la décennie : acheter ou vendre un titre coté dans la plus petite fraction de seconde possible. Pour se maintenir dans cette sarabande infernale, la place de Paris a dû se résoudre à perdre un peu plus de sa substance en délocalisant à Londres ses terminaux informatiques. Dans la City, au c?ur du business boursier européen, le temps de routage d'un ordre est encore plus court, puisque le client est sur place. Le client ? Les traders haute fréquence, une nouvelle race de conquérants qui assurent aujourd'hui 60 % des transactions boursières à Wall Street, et sans doute près de la moitié en Europe. Leurs ancêtres s'intéressaient à la capacité bénéficiaire des entreprises, eux ne jurent que par les algorithmes. Leurs idoles sont des mathématiciens, leur échelle de valeur fluctue de la nanoseconde, qu'ils pourchassent, aux dizaines, voire aux centaines de millions de dollars, qu'ils espèrent gagner grâce à leur talent de programmeur. Pour les places financières, l'enjeu est énorme, car leur santé dépend du trafic d'ordres qu'elles parviennent à glaner. La Bourse des années 2000 avait achevé d'enterrer la Veuve de Carpentras. Celle des années 2010 promet de marginaliser les fonds de pension et autres acheteurs finaux qui pensent encore qu'en Bourse on investit. [email protected] muriel motte
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