Google cherche à étendre

Bien des technophiles sont restés à la porte de la grand-messe organisée mardi matin (19 heures, heure de Paris) par Google, à Mountain View en Californie. Tous s'interrogeaient depuis août 2005 ? date à laquelle le moteur de recherche rachetait en toute discrétion la start-up californienne Android ? jusqu'où Google comptait aller dans le mobile. C'est un nouveau champ de bataille sur lequel il se lance aujourd'hui. Le géant du Web a présenté Nexus One, un téléphone portable fabriqué par le taiwanais HTC (lire ci-dessous), qui sera d'abord disponible aux États-Unis, puis en Europe. Google, qui vendra le téléphone sur son site Internet, a en parallèle passé deux accords non exclusifs avec des opérateurs qui souhaitent subventionner l'appareil : T-Mobile USA et Vodafone en Europe (SFR pour la France).Pour lancer le Nexus One ? en référence aux androïdes de « Blade Runner », le livre de Philip K. Dick adapté au cinéma par Ridley Scott, Google s'est lancé dans un nouveau métier, la conception de matériel. Le moteur de recherche a retenu la leçon infligée par le patron d'Apple, Steve Jobs qui a lancé dans la même euphorie il y a trois ans l'iPhone? écoulé depuis à plus de 50 millions d'exemplaires.Jusque-là, même si tous les fabricants de mobiles (sauf Nokia) ont développé des modèles fonctionnant sous Android, le système d'exploitation de Google n'a pas percé. En s'inspirant du modèle Apple qui met le design au c?ur de ses appareils (Mac, iPod, iPhone), Google espère rencontrer un succès aussi important que l'iPhone. Premier bénéfice pour le géant du Net, un surplus de recettes issues des ventes de portables, alors qu'en tant que tel Android ? système d'exploitation ouvert développé sur le logiciel libre ? ne lui rapporte rien.Avec Nexus One, Google espère populariser Android et surtout les services qui vont avec. « La stratégie de Google est de pousser à consommer le plus d'applications en ligne, en particulier dans le mobile. Android 2.0 [qui équipe le Droid de Motorola] contient par exemple Google Maps Navigation, une fonction de géolocalisation qui remplace le GPS de votre voiture. Tous les services de Google sont sur Android 2.0. Pour Google, il s'agit de générer du trafic et des revenus », indique Benoît Flamant d'IT Asset Management.modèles bouleversés Si l'ordinateur reste le premier outil d'accès à Internet, demain cela pourrait bien être le mobile. Dans les pays émergents, comme la Chine ou l'Inde, le mobile a déjà supplanté le fixe et entre dans les foyers avant l'ordinateur. Pour conserver une place prédominante sur la Toile, Google n'a d'autre choix que de s'imposer dans la téléphonie mobile. D'autant que les modèles pourraient être bouleversés. Contrairement au Web où les internautes se rendent d'abord sur Google pour rechercher leur site préféré, les possesseurs d'iPhone commencent par télécharger des applications qu'ils lancent ensuite directement. La force d'Apple est d'avoir su créer un écosystème dont développeurs, constructeurs et consommateurs tirent les bénéfices. Plus de 100.000 services sont disponibles à ce jour, contre 20.000 pour Android.« La première mission d'Android consiste à organiser l'information mondiale sur les services mobiles et de la rendre accessible à tous », indique Caroline Noublanche de Prylos, une société spécialisée dans les services mobiles. Restera après à trouver les nouvelles sources de revenus. Sur le Web, Google génère l'essentiel de son chiffre d'affaires à partir de son moteur (qui détient plus de 65 % de part de marché aux États-Unis) en revendant de la publicité aux annonceurs. Demain, si la recherche n'est plus l'élément central de l'Internet mobile, ce seront peut-être les applications maison (sa messagerie Gmail, Google Maps, qui pourra faire office de Pages Jaunes sur mobile) ou les informations récoltées sur les internautes qui seront commercialisées auprès des annonceurs.Sans attendre, Google prépare le terrain. Le mois dernier, il était en discussion pour reprendre pour 500 millions de dollars Yelp, un site de recommandations de restaurants et d'adresses de sorties. Avant que la transaction n'échoue à la dernière minute. En novembre dernier, il a mis la main sur la régie publicitaire sur mobile AdMob pour 750 millions de dollars. En 2007, il avait racheté GrandCentral, rebaptisé Google Voice.
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