Médicaments dangereux : le système d'évaluation critiqué

Le scandale du Mediator devient aussi celui des médicaments dangereux. Ainsi, la mise en cause de trois autres médicaments potentiellement dangereux par le mensuel « Prescrire », dans son numéro de janvier (lire ci-contre), accroît un peu plus la pression sur des autorités de santé déjà largement mises à mal. Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a estimé mercredi que lorsque des médicaments posaient problème, des décisions devaient être prises « dans des délais plus rapprochés ». L'enquête de l'Inspection générale des affaires sociales sur le Mediator, dont une première partie doit être rendue mi-janvier, doit contribuer à modifier les pratiques d'évaluation des médicaments.Un avis partagé par les spécialistes du secteur. « Il faut améliorer l'amplification des signaux de pharmacovigilance [cas suspects liés à la prise d'un médicament, Ndlr] et la façon de réévaluer le rapport bénéfice-risque », estime Claude Allary, associé au cabinet de conseil Bionest.Le principal médicament sur la sellette, le vasodilatateur Fonzylane (molécule buflomédil, vendu par le labo américain Cephalon) et ses neuf génériques, pourraient être retirés ou suspendus dans les prochaines semaines, a indiqué l'Agence française de sécurité sanitaire (Afssaps). Le Nexen (nimésulide), un anti-inflammatoire du belge Therabel Lucien Pharma, a déjà subi plusieurs modifications de sa notice pour souligner ses risques. Une nouvelle enquête de l'Afssaps doit aboutir « en avril 2011 ». Le dernier produit est l'anticancéreux Javlor de Pierre Fabre. Mais ces réévaluations « se compliquent énormément dès qu'elles ont lieu au niveau européen : tous les États n'ont pas les mêmes pratiques culturelles des médicaments, et la décision doit être prise à la majorité. Agir seul n'est pas simple non plus pour un État membre », se défend Anne Castot, chef du service de gestion des risques à l'Afssaps. Et de citer le cas des gels anti-inflammatoires à base de kétoprofène, suspendus en janvier 2010 pour risques d'eczéma. Le laboratoire Menarini, dont le gel Ketyum est le second produit en terme de chiffre d'affaires, a déposé une requête auprès du Conseil d'État... et obtenu que son produit reste commercialisé, sous prétexte que la survie de l'entreprise était en cause. Dans le cas du Fonzylane, vendu « depuis près de vingt ans », le chiffre d'affaires français est « minime » (moins de 1 million d'euros) selon le labo. Celui du Nexen atteint 14 millions d'euros en prix public (officines). Des génériques sur la selletteAutre critique à l'égard de l'Afssaps : la mise sur le marché de génériques de médicaments alors même que ceux-ci sont sur la sellette. Deux génériques du Mediator ont été mis sur le marché par Mylan et Qualimed en octobre 2009, un mois avant le retrait du produit. « Absurde », estime Claude Allary. « Les autorisations de mises sur le marché de ces génériques sont antérieures à la décision de retrait », plaide Anne Castot.
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