Les secrets de Renault trahis dans une affaire d'espionnage industriel

Une investigation secrète, menée durant quatre mois, a conduit à la mise à pied de trois cadres de Renault, lundi dernier. On a un certain nombre de preuves. Mais l'enquête continue », affirmait mercredi une porte-parole de Renault. Le constructeur au losange est fortement secoué par une affaire d'espionnage industriel. « Fin août, le comité de déontologie de Renault avait eu connaissance de faits graves mettant en cause des intérêts stratégiques de l'entreprise », explique le constructeur. « Des représentants de la direction des ressources humaines et de la direction juridique ont rencontré ces personnes pour la première fois lundi. D'autres confrontations auront lieu ultérieurement », souligne la firme, qui se réserve la « possibilité de poursuites judiciaires ». « Des personnes ont vendu des informations à des entreprises concurrentes », souligne une source interne. L'un de ces salariés - Michel Balthazard, responsable de l'ingénierie avancée, selon l'agence Bloomberg - fait même partie du comité de direction du groupe, qui compte une trentaine directeurs. En droit français, la mise à pied conservatoire, permet d'écarter le salarié dans l'attente d'une éventuelle sanction. Le contrat de travail est suspendu et le salaire non versé.Solides avancées techniquesLes secrets pillés concernent essentiellement le véhicule électrique, programme phare de l'alliance avec Nissan. Cette affaire, prise très au sérieux par l'ex-Régie, pourrait d'ailleurs lui porter un grand préjudice, l'alliance étant créditée d'une solide avance dans l'électrique par rapport aux concurrents. « Cette affaire révèle qu'on a des secrets particulièrement intéressants dans ce domaine », indique-t-on ironiquement au sein de l'entreprise. Nissan a démarré en décembre la commercialisation de la Leaf 100 % électrique aux États-Unis et au Japon. Ce véhicule devrait arriver en France à la mi-2011. La firme nippone, dont Renault détient 44 % du capital, vise 250.000 ventes annuelles avec ce seul modèle. Renault doit pour sa part commercialiser ses premiers modèles « zéro émission » en milieu d'année avec le Kangoo et la Fluence. C'est au second semestre que viendra la Twizy, un quadricycle urbain à deux places. À la mi-2012, Renault lancera enfin la Zoé, un petit véhicule à forte diffusion (150.000 au moins escomptées chaque année). La firme vise plus de 200.000 véhicules électriques annuellement au total, vers le milieu de la décennie. Le véhicule électrique, point clé de la nouvelle alliance à trois nouée en 2010 avec l'allemand Daimler, sera l'un des volets majeurs du futur plan stratégique pluriannuel de Renault, qui sera évoqué le 31 janvier et le 9 février prochains par son conseil d'administration. Ce plan sera dévoilé officiellement le 10 février, en même temps que les résultats financiers 2010.
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