L'Europe est dramatiquement dépendante dans son approvisionnement en gaz et particulièrement désarmée pour y faire face », lance Christian Stoffaes, président du Conseil du Centre d'études prospectives et d'information internationale (CEPII), directeur d'un rapport publié vendredi par le Centre d'analyse stratégique, rattaché au Premier ministre. « L'Union européenne importe 100 % de son pétrole et 60 % de son gaz, chiffre qui devrait être porté à 80 % en 2025 », souligne-t-il en rappelant quelle priorité les états-Unis accordent à leur indépendance énergétique, alors qu'ils extraient de leur territoire la moitié de leurs besoins en pétrole. Parmi six recommandations pour renforcer la sécurité énergétique de l'Europe, ce rapport plaide pour la création d'une centrale européenne d'achat de gaz qui permettrait de renforcer le pouvoir de négociation de l'Europe face à ses fournisseurs, en particulier la Russie. Nicolas Sarkozy avait lancé cette idée en mai 2009 lors d'un discours prononcé à Nîmes, quelques mois après la crise russo-ukrainienne qui a provoqué, pour la première fois depuis trente ans, une cessation momentanée des livraisons de gaz russe vers l'Europe.Pour que l'Europe ait plus de poids face au géant russe Gazprom ou au producteur algérien Sonatrach, Christian Stoffaes prône une rupture avec la politique actuelle de la concurrence. « Il faudrait mettre en place un régime d'exemption, d'ailleurs prévu par les traités européens, afin de permettre aux groupes gaziers européens de s'associer entre eux pour leurs achats tout en se mettant à l'abri des condamnations anti-trust », explique-t-il.mieux gérer les crisesDans un premier temps, la surveillance du dispositif serait exercée par les autorités nationales « en concertation ». A terme, un « instrument plus intégrateur » , pourrait être envisagé, sous la forme d'une Agence d'approvisionnement en gaz. Un rapport du centre de réflexion Notre Europe, fondé par Jacques Delors, reprend cette idée. « La proposition d'une Agence d'approvisionnement en gaz pourrait améliorer la gestion des crises énergétiques », estime ce rapport, qui plaide pour la mise en place d'une « communauté européenne de l'énergie ». Ces rapports sont publiés une semaine avant la pose de la première pierre du gazoduc Nord Stream construit par Gazprom, associé aux européens GDF Suez, BASF, E.ON et Gasunie. Un ouvrage qui va « cimenter les relations énergétiques durables entre la Russie et l'Europe », selon Alexei Miller, le puissant président de Gazprom.

latribune.fr

05 Avr 2010, 23:19

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