L'Allemagne s'inquiète des tests de résistance européens

Un spectre plane sur le paysage bancaire allemand. Ce spectre, c'est celui des « tests de résistance » auxquels vont devoir se soumettre les établissements européens dès ce mois-ci, dont 13 allemands. Depuis plusieurs jours, la tension monte autour de deux Landesbanken, ces banques régionales qui constituent encore le talon d'Achille du secteur outre-Rhin. Mais surprise, ce ne sont pas les banques fragilisées comme HSH Nordbank, BayernLB, LBBW ou WestLB qui échoueraient à l'examen européen, mais deux des trois Landesbanken qui ont le mieux traversé la crise : Helaba et NordLB. A la différence des banques citées précédemment, ces établissements n'ont pas été recapitalisés par leurs actionnaires. Plus prudentes, elles ont néanmoins dû puiser dans leurs réserves pour éponger les pertes essuyées sur le marché. Elles pouvaient pourtant compter sur un socle solide, les « apports tacites » ou, selon la terminologie allemande, le « capital dormant ». Concrètement, il s'agit de capitaux mis à la disposition de l'établissement, souvent par les pouvoirs publics, qui ne sont pas considérés comme une part du capital au sens juridique (ils ne donnent pas droit au vote en Assemblée générale), mais qui sont pris en compte en Allemagne dans le calcul des ratios de solvabilité. « Inacceptable »Pour la seule Helaba, ces apports tacites s'élèvent à 2,9 milliards d'euros, soit 56 % de ses capitaux propres. Grâce à ces capitaux, Helaba et NordLB avaient pu réussir le test de résistance de l'an passé, même si leurs performances avaient été assez faibles (leurs ratios de solvabilité dans le pire des scénarios s'établissaient respectivement à 6,2 et 7,3 %). Ce « capital dormant » ne sera plus pris en compte dans le calcul des ratios de solvabilité dans le cadre de Bâle III à partir de 2023, ce qui laisse aux banques allemandes du temps pour se recapitaliser. Mais l'autorité bancaire européenne (EBA), qui organise ces tests de résistance, a décidé d'appliquer pour ces tests de résistance les critères de Bâle III. Autrement dit, seul les apports tacites de l'Etat fédéral accordés durant la crise seront pris en compte. Voilà qui devrait sauver la mise à Commerzbank et WestLB, qui ont été renflouées par Berlin. Mais Helaba et NordLB, dont les apports tacites des Etats de Hesse ou de Basse-Saxe remontent à plusieurs années risquent de rater l'examen. Du coup, les gouvernements régionaux concernés sont très nerveux. Ils craignent d'être contraints de devoir renflouer rapidement les établissements en cas d'échec aux « stress tests ». Lundi, le ministre des Finances de Basse-Saxe, Hartmut Möllring, a estimé qu'il était « inacceptable dans ces conditions que Nord LB participe à ces tests » et annoncé qu'il utiliserait tous les moyens légaux possibles contre l'exercice prévu. Même sons de cloche en Hesse où l'on menace de boycotter les stress tests et de porter également l'affaire devant les tribunaux. Après avoir empoisonné les négociations sur Bâle III, les spécificités allemandes pourraient donc faire vaciller les tests de résistance européens.
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