Le financement de Desertec toujours incertain

Voici un an, l'Allemagne s'enthousiasmait pour le projet Desertec. De grands patrons, comme ceux de l'assureur Munich Re, de la Deutsche Bank ou de Siemens, défendaient alors l'idée que récupérer l'énergie solaire du Sahara pour alimenter l'Europe en électricité pouvait devenir une réalité. Pour le prouver, douze sociétés, dont huit allemandes, décidaient le 13 juillet 2009, de s'allier pour faire avancer l'idée. La Desertec Industrial Initiative (DII) est née en octobre de cette alliance. Basée à Munich, cette petite structure devra, d'ici à 2012, présenter des plans d'investissements concrets. L'ambition : pouvoir fournir, d'ici à 2050, 15 % des besoins européens en électricité. Depuis un an, six nouveaux partenaires ont rejoint le projet, notamment le français Saint-Gobain, et huit pays sont ainsi représentés. Preuve que le projet semble crédible à beaucoup.15.000 km2 de miroirsTechniquement, les grandes lignes sont connues. Desertec veut s'appuyer sur des centrales solaires thermodynamiques. À la différence des centrales photovoltaïques qui dominent aujourd'hui le marché, ces centrales ne transforment pas directement l'énergie solaire en électricité, mais utilisent la chaleur pour produire de la vapeur d'eau qui actionne des turbines classiques. Reste, et c'est une des tâches principales de DII, à trouver des sites. Desertec a besoin de 15.000 km2 de miroirs, soit la superficie de la Franche-Comté. La question du transport est également délicate. Les lignes à haute tension existantes entre le Maroc et l'Espagne pourraient être utilisées dans un premier temps, mais elles ne suffiront pas pour l'ensemble du projet. Du coup, DII affirme regarder Transgreen comme une chance capable d'accélérer son propre développement. Mais il reste deux pierres d'achoppement majeures pour Desertec : l'argent et la politique.Certes, parmi les fondateurs de DII figurent plusieurs poids lourds de la finance allemande : HSH Nordbank, Deutsche Bank et l'assureur Munich Re. Mais la facture est très lourde : 400 milliards d'euros d'ici à 2050, soit 10 milliards par an. Si Desertec bénéficie du soutien officiel de l'Union européenne et du gouvernement allemand, DII demeure une société purement privée et les négociations pour définir la contribution des États risquent, en ces temps de déficits budgétaires, d'être difficiles. Il faut aussi convaincre les gouvernements du Maghreb, alors que beaucoup voient là une forme de « nouveau colonialisme ». D'où la volonté d'associer des entreprises locales, comme l'algérien Cevital ou le marocain ONA, et de faire profiter les pays d'Afrique du Nord de l'électricité produite.En Allemagne, on est désormais persuadé que plus le projet sera internationalisé, plus il aura de chances de se concrétiser. Romaric Godin, à Francfort
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