Il est allé en vacances en Grèce, spécialement cette année, « pour être solidaire », dit-il, avec ce pays éprouvé par la crise. « Les gens sont gentils, il y a du soleil et beaucoup de vent, c'est l'idéal pour un voileux comme moi », tempère-t-il aussitôt. Quand il parle de lui, Alain Dominique Perrin ne se donne jamais le beau rôle sans ajouter un bémol, une pointe d'autodérision. D'un commun accord, nous avons décidé en ce matin d'été d'évoquer une de ses activités les moins connues du grand public et de laisser de côté le luxe (on lui doit l'invention des Must de Cartier), l'art contemporain (dans les années 1980, il a inspiré la première loi sur le mécénat et créé la Fondation Cartier) et... le camping (Alain Dominique Perrin fait un carton avec son camping de Noirmoutier, Les Moulins, qui marie confort quatre étoiles et souci de la nature).Cette activité, c'est l'enseignement. Avec sa bonne tête de marin et sa carrure de rugbyman (qu'il a été longtemps), Alain Dominique Perrin n'a rien de professoral. Mais il est président d'une des plus vieilles écoles de commerce indépendantes, l'ancienne École des cadres, devenue l'EDC (École des dirigeants et créateurs d'entreprise). « C'était mon école, là où j'ai bien rigolé, rencontré des amis pour la vie et quand même appris des choses. Quand j'ai su qu'elle allait faire faillite, je n'ai pas voulu me résigner. J'ai préparé un plan de reprise et j'ai contacté tous les anciens élèves. Sur 350 approchés, 270 ont dit oui. » En dix jours, 14 millions de francs sont récoltés - c'était en 1995, avant l'euro - et l'école est rachetée, à la barre du tribunal de commerce de Nanterre. Parmi les anciens élèves, des noms devenus fameux, comme Robert Louis-Dreyfus, feu le patron de l'OM, Antoine Hébrard, PDG du Who's Who ou Jean Todt, figure du monde de la formule 1. « D'une école incertaine, nous avons fait une école certaine », plaisante Alain Dominique Perrin.En quinze ans, l'EDC est montée en qualité, elle a rejoint la Conférence des grandes écoles et obtenu la norme ISO. Elle se veut un lieu de transmission de l'esprit d'entreprise, sachant que ses 250 propriétaires-anciens élèves sont tous des patrons, grands ou petits. Alain Dominique Perrin préside depuis deux ans l'EFMD (European Foundation for Management Development), un réseau international basé à Bruxelles qui a créé le label Equis, une certification pour les « business schools ». Pas de doute, il a pris goût à l'éducation?: « Ça me fait rigoler, moi qui étais un cancre?! »Les nombreuses vies d'Alain Dominique Perrin (administrateur du géant suisse du luxe Richemont, président de la Fondation Cartier et de celle du Jeu de Paume, conseiller de la Tate Gallery, viticulteur dans le Lot où il produit un cahors bichonné comme un grand bordeaux) s'entrecroisent, apparemment sans se percuter. « Je dors peu, je sais m'organiser et je délègue énormément », explique ce boulimique d'action. Et il n'hésite pas à développer des synergies surprenantes. Dans le cadre de leur scolarité, les étudiants de l'EDC font un stage au camping de Noirmoutier?: « Cette vingtaine de jeunes épanouis et motivés, ça met une ambiance là-dedans?! Ils peuvent apporter les croissants ou l'orange pressée le matin, s'occuper des enfants pendant que les parents font la grasse matinée. » Mais qu'est-ce qu'ils apprennent?? « Le travail bien fait, le service impeccable, la propreté méticuleuse. Tout ce qui fait que ce nouveau concept de camping marche. » Si bien, d'ailleurs, qu'après s'être lancé pour l'amour de la dune, il a décidé d'en faire « un vrai business ». Il a commencé à racheter d'autres campings. Attention les mobil-homes, Perrin arrive?! n? Lundi : entretien avec Nordine Hachemi, PDG de Séchilienne-Sidece-Sidec.

latribune.fr

05 Août 2010, 23:25

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