L'industrie chimique semble avoir retrouvé les bons dosages de son elixir d'amour pour ensorceler le marché. Le secteur fait partie des rares segments du DJ Stoxx 600 à avoir dépassé (de 6 % exactement) ses niveaux précédant la chute de Lehman Brothers. Depuis le début de l'année, l'indice DJ Stoxx 600 Chemicals a grimpé de 3 % alors que les Bourses européennes affichent toujours un bilan négatif par rapport au début du mois de janvier. L'indice de référence des chimistes européens aurait pu davantage progresser en excluant les contre-performances de Bayer et de Syngenta dont les cours ont chuté de plus de 15 % depuis le début de l'année et qui pèsent à eux deux plus de 60 milliards d'euros. Mais pour les autres, les envolées de cours oscillent en moyenne de 15 à 20 %. Parmi eux, on retrouve les deux spécialistes français de la chimie de spécialité que sont Arkema et Rhodia. Le premier a vu le cours de son action bondir de plus de 40 % tandis que le second a, dans le même temps, enregistré une progression de près de 30 %. Après les comptes semestriels de qualité publiés par Rhodia, Arkema a fait, à son tour, état d'une excellente première partie d'année mardi 3 août. D'avril à juin, la société a dégagé 119 millions d'euros de résultat net. Soit presque autant que sur l'ensemble de l'année 2007, qui, de l'aveu de son président Thierry Le Hénaff, s'était imposée comme un exercice historique. À titre de comparaison, Arkema avait accusé une perte nette de 114 millions d'euros l'an passé à la même époque. À quelques rares exceptions, comme Dow Chemical, la saison des résultats et les propos tenus par les dirigeants à cette occasion ont plutôt été de nature à rassurer. « La croissance des volumes répond plus à une logique géographique que sectorielle » note Louis Boujard, analyste chez Aurel BGC. Et d'ajouter : « Elle est principalement tirée par la dynamique industrielle des pays émergents. Par ailleurs, les résultats semestriels des chimistes européens ont profité de la faiblesse de l'euro à l'export. » Le contexte s'avère particulièrement favorable pour la chimie de spécialité. « On note un retour de la confiance chez Arkema et Rhodia, qui ont relevé leurs prévisions », glisse Louis Boujard. Toute la question est maintenant de savoir si une bonne partie des bonnes nouvelles n'est pas déjà intégrée dans les cours. À environ 13 fois les bénéfices escomptés en 2010 et avec un « price to book » (rapport entre le cours et les fonds propres par action) supérieur à 2, le DJ Stoxx 600 Chemicals affiche des ratios nettement plus élevés que la moyenne du marché. Pour Louis Boujard, le potentiel boursier du secteur n'est pas épuisé. Selon lui, « le recul des craintes sur un éventuel scénario économique en ?W? laisse entrevoir un étirement du cycle qui devrait continuer de profiter au secteur ».

latribune.fr

05 Août 2010, 23:24

Partager :