La droite allemande promet des cadeaux fiscaux... mais prépare l'austérité budgétaire

La classe politique allemande a souvent bonne réputation à l\'étranger. Mais elle n\'est pourtant pas à l\'abri de certains dérapages. Dans le cadre de la campagne électorale en vue des élections au Bundestag du 22 septembre prochain, l\'Union CDU/CSU d\'Angela Merkel et son partenaire libéral, le FDP, sont fiers de présenter leurs succès sur le plan budgétaire. Outre le retour à l\'équilibre des administrations publiques (qui ont dégagé un excédent de 0,2 % du PIB en 2012), la coalition au pouvoir depuis 2009 affiche également l\'ambition de réduire en 2014 de 25,1 milliards d\'euros à 6,2 milliards d\'euros le déficit du budget de l\'Etat fédéral (qui compte environ pour la moitié des dépenses globales). En 2015, le plan budgétaire du gouvernement actuel envisage même le retour à l\'équilibre de ce budget fédéral. Ce serait la première fois depuis 2001. L\'argument électoral des finances sainesLes deux partis au pouvoir ne se privent pas de se vanter de ce bilan et de ces ambitions dans leurs campagnes électorales. Dans sa réclame télévisuelle diffusée actuellement sur les ondes, le patron des députés FDP Rainer Brüderle résume ainsi le choix des électeurs  entre les « faiseurs de dettes » de la gauche et les « finances solides » assurées par la coalition « jaune et noire. » L\'ennui, c\'est que les programmes des deux partis sont particulièrement généreux et bien peu compatibles avec cette rhétorique.Un déficit plus que doublé en 2014Ainsi, le quotidien de Düsseldorf Rheinische Post a rendu public ce jeudi matin un document interne au ministère fédéral de l\'Économie (tenu précisément par le président du FDP Philipp Rösler) qui indique que l\'application stricte des promesses électorales entraînerait un déficit fédéral de 14 milliards d\'euros au lieu des 6,2 milliards d\'euros prévus. Certes, il n\'y a pas là de drame dans la mesure où le déficit de l\'État fédéral restera encore inférieur de plus de 10 milliards d\'euros à celui enregistré cette année. Mais enfin, ceci ne semble pas entièrement en cohérence avec les propos de campagne des deux partis, car il faudra sans doute, dans ces conditions, abandonner l\'objectif d\'équilibre en 2015.Multiples promessesIl est vrai que, tant le FDP que la CDU et la CSU n\'ont pas manqué, comme en 2009, de multiplier les promesses fiscales. La CDU entend ainsi augmenter la déduction fiscale par enfant de plus de 1.000 euros, ce qui coûtera 1,2 milliards d\'euros annuels de recettes au budget fédéral, tandis que le FDP entend réduire la progressivité de l\'impôt (coût estimé : 2,4 milliards d\'euros par an) et réduire progressivement le supplément de solidarité  (le « Soli ») créé après la réunification et qui frappe de 5,5 % supplémentaire la plupart des impôts pour un coût annuel de 6 milliards d\'euros. Si l\'on ajoute à cela le programme d\'infrastructure de 1,5 milliards d\'euros promis par la CDU et l\'égalisation des retraites entre l\'ouest et l\'est, on peut arriver à la même conclusion que le document révélé par le Rheinische Post : « la poursuite d\'une politique de consolidation budgétaire est peu ou pas compatible avec la réalisation de ces promesses, à moins de réaliser des économies substantielles dans d\'autres domaines. »L\'exemple de 2009Que l\'on se rassure néanmoins. En 2009, les deux partis vainqueurs des élections avec promis des baisses d\'impôts considérables : le FDP avait atteint le plus haut score de son histoire à près de 15 % des voix en affichant un objectif de réduction de 50 milliards d\'euros. Lors du « contrat de coalition » conclu entre la CDU, la CSU et le FDP après la victoire, on prévoyait encore une baisse d\'impôt de 25 milliards d\'euros. Autant de promesses qui n\'ont jamais vu le jour puisque, en mai 2010, la chancelière avait repoussé sine die les cadeaux fiscaux, faisant de la consolidation budgétaire sa priorité. Autrement dit : ces belles promesses de campagne ne seront pas - loin de là - toutes mises en œuvre. 
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