Une autre lecture de la crise et de... l'avenir

Lorsque les banquiers centraux ont voulu évaluer l'impact des nouvelles normes prudentielles des banques sur l'économie réelle, ils se sont aperçus avec stupeur que le secteur financier et les marchés financiers n'étaient pas pris en compte dans leurs modèles macroéconomiques. C'est dire ô combien la distinction entre sphères économique et financière est bien ancrée dans les esprits. C'est ce nouveau dogme qu'Evariste Lefeuvre, jeune normalien de 37 ans, chef économiste de la filiale américaine de Natixis, entend dénoncer dans « la Logique du hasard ». Le point de départ des réflexions de l'auteur est partagé par tous les économistes. Pourquoi la science économique est-elle incapable de prévenir les crises et pourquoi les investisseurs semblent-ils incapables de s'en protéger ? Faut-il jeter aux oubliettes les modèles théoriques ? Et faut-il, enfin, renoncer à toute prévision ? Les réponses sont en revanche plus originales. « Il n'y a pas plus de déterminisme en économie et en finance qu'un flou complet sur les perspectives à venir. Mais l'imprévisible ne doit pas inciter à baisser les bras et à faire renoncer à tout exercice d'ébauche de scénarios », avance Evariste Lefeuvre. C'est la thèse qu'il défend, dans un style très pédagogique et accessible. Pour lui, il ne s'agit plus d'opposer finance et économie mais bien de combiner les deux disciplines. Pour mieux comprendre l'environnement dans lequel finalement le monde fonctionne. Comment, en effet, les économistes pouvaient comprendre la crise de 2008, et encore moins l'anticiper, en ignorant les 50.000 milliards de dollars d'encours de dérivés de crédit ou les contrats tacites passés entre les banques et les hedge funds ? Et comment les financiers pouvaient-ils croire qu'ils pouvaient vivre dans un monde « risque neutre » ? Les économistes doivent donc comprendre la finance et la finance comprendre l'environnement économique dans lequel elle évolue.C'est donc une relecture complète des connaissances et, avec à la clé, une nouvelle articulation de quelques principes que nous propose Evariste Lefeuvre. L'objectif est ambitieux mais la méthode proposée apparaît réaliste : croiser les données des modèles existants pour une approche « modeste » du futur et se préoccuper ensuite du contexte dans lequel ils évoluent pour identifier la nature de l'environnement économique et financier. Et surtout bien comprendre qu'il existera toujours une part de hasard. E. B.
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