Étoiles et grand ski

Béret et knickers en coutil blanc, le cocher des Airelles dirige d'une main sûre, devant la patinoire du palace, la calèche de cuir gainée par Hermès. Inspiré des chasseurs alpins, le costume un brin folklorique des employés de l'hôtel le plus célèbre des Alpes prête d'abord à sourire. Mais il suffit que la porte à battant tourne sur ses gonds, qu'un fauteuil en velours soit libre devant la cheminée pour que l'on se retrouve piégé par un des services les plus gentils et efficaces de France.En 2009, le décorateur Christophe Tollemer rénovait l'établissement... à l'identique, une consigne de son nouveau propriétaire, Stéphane Courbit, désireux de ne pas fâcher les 70 % d'habitués. Foin, ici, des caprices de la mode. Fresques aux murs et plafonds à caissons en bois, dans la plus belle tradition austro-hongroise, nimbent d'une douceur éprouvée les déambulations des employés. Certains, comme le maître d'hôtel M. Roger veillant sur le buffet pléthorique (langouste, foie gras, jambon Pata Negra, 160 euros) avouent plus de vingt ans de maison... et leur sourire exprime le plaisir d'être là. Restaurant doublement étoilé de Pierre Gagnaire, spa Valmont, manège enchanté pour les enfants, patinoire avec valet patineur, ski-room d'anthologie avec la possibilité de faire réaliser ses planches sur mesure : ces Airelles sont presque irréelles. Cossues, les 37 chambres, 14 suites et l'appartement privé du quatrième étage (où le milliardaire ukrainien Viktor Pintchouk a fêté le 16 décembre dernier son anniversaire pour 5 millions d'euros) bénéficient aussi d'installations futées comme un humidificateur d'air...La maison vient d'inaugurer le restaurant d'altitude Le Chalet de Pierres, avec boutique Chanel sur les pistes, et met à la disposition de sa clientèle le chalet privé Ormello. Les neuf chambres boisées partagent salon à l'étage, salle de sport avec plate-forme vibrante et piscine de nage à contre-courant. Mais on ne bénéficie pas ici de la tendresse enveloppante de la grande maison de « Mademoiselle ». La directrice des Airelles, Séverine Petilaire Bellet, ex-championne de basket, assure avec peps la relève de la fondatrice des lieux, la mythique Mme Fenestraz. Décidément, « Courch'sky » comme disent les Russes - 10 % de la fréquentation - est une station de dames. C'est à elles, d'ailleurs, que la station doit de retrouver son aura sportive. Le 21 décembre dernier, « Courch », qui n'avait pas eu de Coupe du monde depuis trente et un ans, a reçu la Coupe du monde féminine. Suite au succès - 18.000 personnes se sont massées sur la mythique Croisette -, la station a décidé d'accueillir, les 17 et 18 décembre prochains, deux autres épreuves de la Coupe du monde féminine, le slalom et le géant.Florence Carcassonne, directrice des 36 chambres et suites de La Sivolière, dans le quartier de Chenus ne cache pas sa satisfaction. Dès l'entrée de ce chalet de bois, sous le lustre Lalique, une gamelle signale que les compagnons à quatre pattes sont bienvenus. La décoration hardie de Tristan Auer s'accorde à la largeur d'esprit de la directrice, portée sur la fiesta : armoires laquées surdimensionnées, ascenseur façon galuchat, murs tendus de shantung marine, jetés de lit pied-de-poule : jusqu'à l'épatante banquette chauffante, capitonnée d'argent, du ski-room, l'esprit est années 1930.Dans le quartier de Bellecôte, une autre « femme en or », Patricia Costerg, tient les commandes du dernier ? et douzième ? cinq étoiles de la station : Le Strato. Très tendance, et même si l'on ose dire, à la pointe du fart ! L'aménagement intérieur reflète là une double histoire parfaitement assumée, celle de la famille de Laurent Boix-Vives, qui dirigea cinquante ans durant les skis Rossignol, et celle du duo de décorateurs connu sous le nom des Héritiers, Pierre Dubois et Aimé Cécil par ailleurs collectionneurs d'art sacré. Des vierges en bois polychromes et des toiles XVIIIe coexistent avec de superbes photos noir et blanc de skieurs en pleine action sur les murs immaculés.Sous des coupoles peintes à fresque imitant les voûtes des églises baroques, on dîne de mets fastueusement légers supervisés par Jean-André Charial, de l'Oustau de Baumanière. Sanitaires japonais, 2.500 longs-métrages en libre accès, variateurs et stations iPod : les 25 suites et chambres, dotées de balcons ou terrasses, parient sur la technologie. Mais les conseils de Luc Alphand, Frédéric Covili ou autres champions amis de la famille accompagnent la mise à disposition de modèles de skis exclusifs.On le déplore, mais c'est sans doute fait exprès : la piscine en lumière naturelle, à l'intérieur du splendide spa Nuxe, n'ouvre qu'à 10 heures. Heure à laquelle, bien sûr, les clients ski-addicts ont depuis longtemps quitté le ski-room - et son bar à champagne - pour dévaler la piste de Cospillot. Le nouvel esprit « Courch », on vous dit.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.