Pour jauger l'importance du partenariat entre Daimler et Renault-Nissan, il suffit d'écouter ce qu'en disent les Allemands. Mardi matin, les médias économiques n'en faisaient pas leurs plus gros titres. Ils ne parlaient ni de mariage, ni d'alliance, mais de « Kooperation », voilà tout. Surtout dans les petites voitures : « Smart et Twingo deviennent frères », tentait un commentaire. Bon, d'accord, les voitures de luxe seraient aussi concernées, entre Nissan et Mercedes, concédait dans l'après-midi le site du « Financial Times Deutschland ». Mais il n'omettait pas de souligner que Daimler prenait un risque en se rapprochant de Renault. Pourquoi ? Eh bien, parce que le constructeur français a toujours profité de ses alliances internationales, par exemple avec Nissan et Dacia. Dès lors, le constructeur de Stuttgart risquerait de moins gagner dans l'affaire que son partenaire ! Le « Handelsblatt » se montrait moins négatif, préférant zoomer sur Carlos Ghosn : « Un grand stratège touche au but ». La circonspection allemande ne s'explique pas seulement par le soupçon de mésalliance : quoi, notre Mercedes convole avec une Mégane ? Elle tient à des raisons d'inquiétude bien réelles. D'abord les deux groupes perdent de l'argent, et Renault est même lanterne rouge des constructeurs mondiaux en termes de pertes 2009. Ensuite, Daimler n'a jamais eu de bonheur dans ses tentatives de rapprochement hors frontières. En faisant le portrait de Thomas Weber, membre du conseil d'administration et chef de la recherche chez Daimler, le « FT Deutschland » notait avec malice que ce grand ingénieur avait vécu et travaillé toute sa vie dans le Bade-Wurtemberg. Ce qui pourrait représenter un problème pour les relations de travail avec Renault, sachant que « les techniciens français, comme les allemands d'ailleurs, sont connus pour être fiers, élitistes, et parfois entêtés »... La Kooperation s'annonce sans passion. Ce qui ne veut pas dire sans avenir. sgherardi@latribunepar Sophie Gherard

latribune.fr

06 Avr 2010, 23:19

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