Le Luxembourg accusé de laxisme dans la lutte contre le blanchiment

Le Luxembourg serait-il la plus grande lessiveuse de l'Union européenne ? Un reportage de la chaîne télévisée France 2 présentant le Grand-Duché comme une place forte du blanchiment avait provoqué fin 2008 la colère de Jean-Claude Juncker. Le Premier ministre Luxembourgeois avait jugé « caricaturale » la façon dont la chaîne avait présenté « la réalité luxembourgeoise ». « Votre reportage est strictement ridicule, avait ajouté le Premier ministre. Je ne me sens pas accusé par des reportages superficiels d'un journalisme primaire qui ne fait pas honneur à votre chaîne. » Caricatural ? Ridicule ? Superficiel ? Pas si sûr ! Le Groupe d'action financière (Gafi) se montre extrêmement critique à l'égard du Grand-Duché. Cette émanation de l'OCDE vérifie depuis la fin des années 1990 que les pays passés sous revue disposent bien de l'arsenal juridique et des moyens nécessaires à la lutte contre le blanchiment et, depuis les attentats du 11 septembre 2001, le financement du terrorisme. Or, le Gafi a publié fin février un rapport accablant sur le Luxembourg. La conformité de la législation luxembourgeoise sur le blanchiment aux normes internationales n'est que « formelle », son application laissant sérieusement à désirer. « Depuis 2003, des sanctions dont le niveau est globalement faible, n'ont été prononcées que dans 8 cas », soulignent les experts du Gafi qui se sont rendus dans le petit état en mai 2009. Un résultat plutôt maigre ! Le Grand Duché est une place financière majeure. Les services financiers représentent un quart du PIB d'une économie classée en tête de la zone euro en matière de gestion de fortune. toute petite équipeLe Luxembourg ne s'est pas vraiment donné les moyens de traquer l'argent sale. La cellule des renseignements financiers, l'équivalent de Tracfin en France, ne compte que six fonctionnaires. Un nombre jugé « insuffisant » par le Gafi au regard du nombre de déclarations d'opérations suspectes. Ce dernier note en outre que le nombre de ces déclarations est « très faible » et qu'elles sont « motivées non pas par un soupçon mais par le fait que le client a fait l'objet d'une enquête voire d'une condamnation ». Les banquiers luxembourgeois n'ont toutefois guère de soucis à se faire. Comme le note le Gafi, « le nombre d'enquêtes et d'instructions en matière de blanchiment est faible ». Et, pour cause. « Les autorités de surveillances du secteur financier effectuent peu de contrôles », s'étonne l'organisme de l'OCDE qui note qu'«aucune sanction, dont le régime n'est d'ailleurs pas satisfaisant, n'a été prononcée en la matière ».
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