L'Éditorial de Erik izraelewicz

Nicolas Sarkozy doit reprendre la main, la parole en tout cas. Ce n'est pas Éric Woerth que l'on attendait hier soir à la télé, c'était le président de la République. La France est plongée, depuis quelques jours, dans une très grave crise d'autorité, au sommet. On brocardait l'« hyperprésident », on s'alarme désormais d'un « infra-président » - et ce n'est pas moins inquiétant. Comme pour son équipe de foot, la France navigue sans capitaine, ou presque. Celui-ci, naguère maître du calendrier et des nominations, donne aujourd'hui l'impression d'être totalement débordé par les événements. Ses serviteurs eux-mêmes montent au créneau. Une redoutable accusation - selon laquelle il aurait, en son temps, lui aussi ramassé des enveloppes chez les Bettencourt - l'affaiblit davantage encore. Pour l'instant, il n'y a, sur ce sujet, absolument aucun début de preuve. Trop animé, depuis si longtemps par l'ambition présidentielle, Nicolas Sarkozy savait qu'il ne devrait jamais se trouver mêlé à ces dangereux jeux d'argent. Aujourd'hui, cette fragilité de l'exécutif a peut-être ici ou là des effets positifs. Elle a conduit, ces derniers jours, le président à quelques sages décisions. Pour France Télévisions (la nomination de Rémy Pflimlin, un professionnel), pour Areva (le maintien à sa tête d'Anne Lauvergeon, une professionnelle) ou l'avenir du juge d'instruction, la raison l'a emporté sur les petits arrangements. Mais cela ne saurait en aucun cas légitimer cet état de fait. Cette crise d'autorité est dangereuse pour notre économie. Elle menace d'enlisement la politique de réformes engagée - celle des retraites en particulier, si nécessaire. Elle l'est aussi pour notre démocratie. On peut dénoncer, à juste titre, ce flot d'informations non avérées qui alimente le populisme?; encore faut-il que nos dirigeants évitent le plus systématiquement possible de se retrouver en situation de conflits d'intérêts. Pour que cette crise d'autorité ne dégénère pas en crise de régime, on attend la parole du président, et les actes. [email protected]
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