Google abandonne son mobile Nexus

Début janvier, Google faisait salle comble à Mountain View, laissant de nombreux technophiles sur le pas de la porte du siège de la société. Eric Schmidt mettait les petits plats dans les grands pour présenter le Nexus One, premier téléphone mobile aux couleurs du moteur de recherche. Développé par HTC, équipé du système d'exploitation maison Android, ce nouveau mobile au design soigné était conçu pour faire concurrence à l'indétronable iPhone. Las, il n'a pas tenu les promesses placées en lui. En catimini et au détour d'un entretien, Eric Schmidt a expliqué au « Telegraph » qu'il n'y aurait pas de Nexus Two. « L'idée il y a un an et demi était de faire le Nexus One pour essayer de pousser les plates-formes pour téléphone portable », a expliqué le PDG, qui a ajouté non sans ironie : « Ça a été un tel succès, que nous n'avons pas besoin d'une nouvelle version. J'ai appelé le conseil d'administration et je leur ai dit ?Ok. Ça a marché. Félicitations - nous arrêtons? ». Chez Google, pour éviter de faire passer le Nexus One pour un échec, on explique doctement que la firme « n'avait jamais parlé d'un Nexus Two ». Tous les observateurs, qui ont comparé la stratégie de Google à celle d'Apple et son iPhone, en sont pour leur frais. 135.000 exemplaires vendusDe fait, le Nexus n'a pas provoqué de raz-de-marée. Le cabinet spécialisé Flurry estime que Google, qui ne communique aucun chiffre, a vendu 135.000 exemplaires du Nexus One au cours des deux premiers mois de commercialisation (contre 1 million de Droid vendus par Motorola dans le même laps de temps). Première erreur, le moteur de recherche a privilégié la distribution en direct via Internet. « Ils ont peut être sous-estimé ce que c'était de vendre des téléphones portables, où il faut avant tout passer par l'opérateur », estime Benoit Flamant d'IT Asset Management. En mai, le moteur de recherche a donc fait machine arrière, stoppant les ventes en ligne, et affirmant qu'il ne passerait plus que par les opérateurs. Aux États-Unis, le Nexus est vendu via T-Mobile. Mais Sprint est revenu en mai dernier sur son intention de distribuer le mobile. En Europe, l'opérateur Vodafone commercialise le Nexus One, qui sera également proposé par Bouygues au cours de l'été, en plus de SFR. Promouvoir AndroidSi Google est aussi actif dans la téléphonie mobile, c'est qu'il considère que le portable sera dans l'avenir la première porte d'accès au Web. Or, sur des appareils comme l'iPhone, les internautes n'ont plus besoin de passer par un moteur de recherche pour accéder aux services. Ils s'y rendent directement via des applications dédiées. Le risque est grand pour Google, qui génère aujourd'hui 95 % de son chiffre d'affaires via les liens commerciaux (les publicités) générés par son moteur de recherche, d'être un jour exclu du marché. Pas d'autres solutions dès lors que de promouvoir son propre système d'exploitation pour pousser les services maisons. « Avec Nexus, Google voulait d'abord pousser les équipementiers à mettre à jour les dernières versions d'Android, ce qui n'était pas le cas en décembre », indique Benoit Flamant. À ce moment là, Android qui n'était pas très convaincant avait du mal à émerger. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
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