Les magazines américains entament leur restructuration

Le couperet est à nouveau tombé chez Condé Nast. Au terme d'un audit réalisé par McKinsey, l'éditeur, qui cette année a déjà arrêté son magazine économique « Portfolio » et celui de décoration « Domino », va fermer quatre autres titres : « Modern Bride », « Elegant Bride », « Cookie » et « Gourmet », l'un des magazines culinaires les plus respectés aux États-Unis. McKinsey aurait recommandé à Condé Nast de réduire de 25 % le budget de certains de ses supports, dont « Traveller » et « Glamour ». Une cure d'austérité exceptionnelle pour l'éditeur des luxueux « Vogue » et « Vanity Fair » dans un contexte qui ne l'est pas moins.Au premier semestre, les revenus publicitaires de la presse magazine américaine ont chuté de 21,2 % à 9 milliards de dollars. « Les secteurs qui ont été le plus affectés par la récession ? l'industrie automobile, la finance et le commerce de détail ? ont le plus contribué au repli des recettes et du nombre de pages de publicité publiées », constate Ellen Oppenheim, vice-présidente de l'association des éditeurs de magazines américains (MPA). L'organisation insiste sur la stabilité de la diffusion des magazines, « qui n'a reculé que de 1 % au premier semestre », alors que les ventes en kiosques représentent 12 % de leurs ventes.kiosque numérique en 2010Numéro un américain de la presse magazine, Time Inc a vu son chiffre d'affaires fondre de 22 % à 915 millions de dollars au deuxième trimestre et fait l'objet de rumeurs récurrentes de cession par le géant des médias Time Warner. « Le groupe vient de scinder sa division câble et va ensuite vendre sa presse écrite », assure Gordon Crawford, le directeur général du Capitol Group, société qui, avec 8,32 % du capital, constitue le premier actionnaire du géant des médias.Le directeur général de Time Warner, Jeff Bewkes, dément ces « rumeurs » et tenterait même, selon la presse américaine, de pousser les principaux éditeurs (Condé Nast, Hearst?) à lancer en 2010 un kiosque numérique pour distribuer leurs titres sur les appareils nomades existants (téléphones portables, mini-PC?) et ceux attendus, tel le futur diffuseur de livre électronique d'Apple. Leur objectif : négocier collectivement le partage des recettes entre éditeurs de magazines et diffuseurs pour éviter le sort de leurs confrères de la presse quotidienne, dont certains laissent à Amazon jusqu'à 70 % du prix l'abonnement afin de figurer sur son Kindle. Tout en formant un front commun, les éditeurs de magazines poursuivent leurs stratégies numériques respectives. Condé Nast vient de lancer un nouveau service de shopping en ligne sur son site Style.com. Et selon le « Financial Times », Time Inc aurait entamé des négociations bilatérales avec Apple pour la diffusion de ses magazines, dont « People » et « Sports Illustrated ».Malgré ces initiatives pour réinventer cette industrie, les mauvaises nouvelles s'accumulent. L'éditeur du « Reader's Digest » s'est placé cet été sous la protection de la loi sur les faillites, le chapitre 11. McGraw-Hill organise la cession de « Business Week » alors que les analystes estiment que d'ici peu, le titre ou l'un de ses grands deux rivaux, « Fortune » et « Forbes », disparaîtra. La presse mode vient de connaître une rentrée morose, marquée par des numéros de septembre très légers, alors qu'il s'agit d'un mois traditionnellement riche en publicités. Chez « Vogue », la pub a reculé de 36 % à 429 pages. Propriétaire de « Elle » et « Woman's Day », Lagardèrerave;re Active étudie, selon « La Lettre de L'Expansion », un désengagement de Hachette Filipacchi Media US. En juin, HFM US a cédé cinq titres spécialisés (« Popular Photography », « Boating »?) au groupe Bonnier. nInfographie2cols x 95mm
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