Une conspiration internationale contre le dollar fait flamber l'or

changesInitiée dès mars dernier par la Chine, premier créancier des États-Unis et premier détenteur mondial de dollars dans ses réserves, la croisade contre l'hégémonie du billet vert comme monnaie de référence internationale est entrée hier dans une nouvelle phase. C'est le quotidien britannique « The Independent » qui a lancé le pavé dans la mare en affirmant qu'une révolution était en marche dans les pays du Golfe. Les ministres des Finances et les banquiers centraux des monarchies pétrolières auraient tenu des réunions secrètes avec la Chine, la Russie, le Brésil et le Japon pour mettre fin d'ici neuf ans à la facturation en dollars du pétrole à l'échelle internationale.Il aurait été proposé de lui substituer un panier de devises incluant l'euro, le yen le yuan et l'or, qui reste un actif monétaire, plus la monnaie unifiée que les six pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie Saoudite, Bahreïn, Koweït, Qatar, Oman et Émirats arabes unis) entendent lancer en 2010. Même démentie catégoriquement par les protagonistes, la rumeur a immédiatement envoyé le dollar au tapis, lui faisant perdre une figure face à l'euro, pour refluer jusqu'à 1,4745. Parallèlement, l'or a pulvérisé son record historique sur le marché au comptant, qui remonte à mars 2008, à 1.032,70 dollars l'once, pour se hisser hier jusqu'à 1.043,78 en séance. Sur le marché de référence, le Comex de New York, l'once d'or s'est rapprochée de son plafond de tout temps atteint ce même mois de mars de l'an dernier à 1.060 dollars. Il s'est propulsé jusqu'à 1.044,30 dollars l'once hier. Mais il n'y a pas de fumée sans feu. Depuis plus de deux ans, les pays du Moyen-Orient, dont les monnaies sont pour la plupart liées au dollar par un lien fixe, sont contraints de se plier aux diktats monétaires de la Fed pour empêcher leurs monnaies d'exploser leurs « pegs ». Alors qu'ils étaient en pleine surchauffe, ils ont été acculés à abaisser leurs taux d'intérêt, véritable contresens économique.Pour ajouter aux déboires du dollar, la cabale s'est enrichie de l'entrée en scène d'un responsable des Nations unies. S'exprimant d'Istanbul dans les coulisses du FMI, le sous-secrétaire général pour les Affaires économiques de l'ONU a plaidé pour une nouvelle monnaie mondiale de réserve qui supprimerait le « privilège » que tirent les États-Unis de la suprématie du dollar. On ne s'étonnera pas qu'il s'agisse d'un Chinois, Sha Zukang.situation « dévastatrice »Cette volonté de nuire au dollar affichée par l'ex-empire du Milieu ne peut pas laisser les États-Unis indifférents. Pour Antoine Brunet, qui dirige AB Marchés, contrairement à une idée répandue qui voudrait que l'Oncle Sam laisse volontairement filer sa monnaie pour tirer les dividendes d'une monnaie affaiblie sur sa croissance, la dépréciation du billet vert constitue pour les responsables de Washington une véritable source d'inquiétude. Car « ils craignent d'être lâchés par les pays du Golfe, ce qui les affaiblirait stratégiquement et provoquerait une crise ouverte du dollar contre toutes les monnaies à l'exception du yuan ». Une situation qui serait « dévastatrice » pour l'économie mondiale. n
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