La rupture des « pétro-pegs » serait très risquée

Ce n'est pas la première fois que la baisse du dollar précipite les pétromonarchies du Golfe dans la tourmente. Leurs monnaies sont, pour la plupart, liées au billet vert par un taux de change fixe et leur source de revenus est indexée sur le dollar à l'échelle internationale. Il en va de leurs revenus tirés de la manne pétrolière à chaque phase de dépréciation du billet vert. De là à rompre les « pegs » (lien fixe entre monnaies) qui unissent leurs monnaies au dollar, il y a un pas que peu d'entre eux ont osé franchir. Seul le Koweït est passé à l'acte en décidant unilatéralement en mai 2007 d'indexer son dinar sur un panier de monnaies, mais la tentation en a saisi plus d'un, avant qu'ils ne rentrent dans le giron du plus puissant d'entre eux, l'Arabie Saoudite, dont le riyal est fixé à 3,75 pour 1 dollar depuis décembre 1986. Car le risque serait grand que la rupture des pétro-pegs ne provoque l'effet exactement inverse des décorrélations des monnaies asiatiques lors de la crise de 1997. On avait alors assisté à des dévaluations sauvages en chaîne dans cette partie du monde à mesure que dans, la foulée de la Thaïlande, les pays asiatiques rompaient l'arrimage de leurs monnaies au dollar. Dans le cas des pétromonarchies, elles seraient condamnées à des réévaluations peut- être aussi violentes que les dévaluations asiatiques de la fin du siècle dernier.dangers diplomatiquesL'autre tentation des pays du Golfe, à laquelle s'est toujours fermement opposé l'« alli頻 saoudien de Washington, consisterait à remplacer le dollar par un panier de monnaies pour l'indexation des cours du pétrole. Ce serait une révolution sans précédent puisque la plupart des matières premières, à l'échelle internationale, sont libellées en dollars. Pour l'instant, les pays du Golfe se contentent de tenir implicitement compte de la dépréciation de la monnaie de règlement de leurs cargaisons de brut quand elles décident de leurs quotas de production, dans le cadre de l'Opep. Dans un cas comme dans l'autre, se désengager du dollar, avec tous les dangers diplomatiques que cela comporte, prendrait des années. I. C.
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