Le PS se déchire sur le cumul des mandats

Lionel Jospin est sorti jeudi de sa réserve. Pour évoquer la crise grecque, l'avenir de l'euro, la rigueur budgétaire ou la réforme des retraites ? Vous n'y êtes pas. L'ancien premier ministre s'est exprimé sur un sujet autrement plus cosmique qui "interpelle" à coup sûr n'importe quel citoyen : le non-cumul des mandats. A vrai dire, Jospin n'est pas le seul au PS à intervenir sur ce thème, lequel constitue l'un des plus fameux serpents de mer de la vie politique. Depuis quelques jours, les prises de position se multiplient en effet au sein du parti. Mercredi, dans une tribune au "Monde", Jack Lang fustigeait "la République des notables" qui serait la conséquence, selon lui, de l'accaparement des fonctions électives par quelques cumulards. Et l'ancien ministre de la Culture de réclamer une règle simple : "Un seul mandat, une seule fonction", en demandant à ses amis socialistes qu'ils s'appliquent à eux-mêmes la règle dès les élections cantonales et sénatoriales de l'an prochain même si, comme c'est probable, le Parlement n'a pas légiféré alors.SuggestionImmédiatement, le président du groupe PS au Sénat, Jean-Pierre Bel, est intervenu pour affirmer que cette solution pourrait remettre en question la victoire annoncée de la gauche aux sénatoriales de septembre 2010. En effet, estime-t-il, comment faire élire par des élus locaux des sénateurs qui ne sont pas eux-mêmes élus locaux ? De nombreux barons du parti ont adopté cette même ligne. C'est le cas du sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb, ou de son homologue de Dijon, François Rebsamen, qui vise la présidence du Sénat... Tout en se déclarant favorable au non-cumul des mandats, Jospin recommande à ses amis d'attendre la campagne présidentielle de 2012 pour remettre la question sur la table. "L'idée que les socialistes s'appliquent cette règle avant qu'elle ne s'applique à tous n'est pas une suggestion que je ferais personnellement", a-t-il affirmé.Marquage à la culotteSauf que Martine Aubry compte bien la faire avaliser par les militants avant l'été. Pour la première secrétaire du PS, le non-cumul des mandats est même l'un des "marqueurs" de la rénovation du parti qu'elle a engagée en 2009. Début juin, le bureau national du PS doit d'ailleurs entériner la proposition du député Arnaud Montebourg -- lui-même cumulard puisqu'il est aussi président de conseil général -- d'appliquer la règle non-cumul dès 2011. Début juillet, ce sera aux militants de voter pour ou contre cette proposition lors d'une convention nationale. Déjà, à l'automne, ceux-ci s'étaient en grande majorité déclarés favorables au non-cumul à l'occasion d'un référendum interne. Oubliant un peu vite que la puissance du PS et son poids électoral tiennent davantage à son réseau d'élus et de barons locaux -- supérieur à celui de l'UMP -- qu'à sa force militante...Ces prises de position démontrent autre chose : c'est un peu à celui qui sera le plus rénovateur au PS. Martine Aubry peut-elle faiblir sur le cumul quand Ségolène Royal en a fait l'un de ses chevaux de bataille depuis 2007 ?
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