La Suisse détient les cinquièmes réserves en devises du monde

La Banque nationale de Suisse n’a pas lésiné sur les moyens pour « sauver » le plancher de 1,20 franc suisse pour un euro. Mardi, la BNS a indiqué que ses réserves en devises avaient progressé de près de 11 % en juillet à 406,45 milliards de francs suisses, soit 338,30 milliards d’euros. C’est dire si, durant un mois de juillet où la zone euro a encore connu des tensions fortes, la BNS a vendu à tour de bras du franc suisse pour éviter que ce havre traditionnel de sécurité ne s’apprécie au-delà de la limite fixée l’an passé par la banque centrale. En septembre, la BNS avait décidé de fixer ce seuil comme limite maximale de l’appréciation du franc afin de ne pas trop pénaliser les exportations helvétiques.Cinquième réserves du mondeAvec ce nouveau record de réserves, la seule Confédération détient pratiquement la moitié de l’ensemble des réserves de tout l’Eurosystème, autrement dit des 17 banques centrales nationales de la zone euro. Elle surpasse désormais Taïwan au cinquième rang des plus importantes réserves en devises détenues par des Etats, derrière la Chine, le Japon, l’Arabie Saoudite et la Russie. Voilà donc la petite Suisse adepte de la démocratie directe propulsée au rang de monarchie pétrolière ou de géant émergent.Ralentissement du mouvementPour autant, le mouvement semble s’essouffler. En mai, la hausse des réserves en devises avait atteint 68 milliards de francs, en juin, 59 milliards de francs. La politique de la BNS pourrait donc porter ses fruits et les investisseurs pourraient progressivement se dire que, réellement, la banque centrale helvétique ira jusqu’au bout pour défendre son seuil. Mais en réalité, il y a fort à parier que la BNS ne devra pas baisser la garde tant que durera la crise européenne.Critiques et marges de manoeuvresEn Suisse, cette politique ne fait pas que des heureux. Bien des Helvètes la juge imprudente. La dépréciation éventuelle des devises rachetées, notamment des euros, comporte en effet un risque de pertes pour la BNS. Les cantons, qui récupèrent une partie des bénéfices de la BNS, s’inquiètent donc de ce risque. Autre élément d’inquiétude : ces francs suisses imprimés pour contenir la hausse de la monnaie helvétique ne vont-ils pas créer de l’inflation. Pour l’instant, ni la BNS, ni le conseil fédéral, le gouvernement suisse, ne s’inquiètent de ce risque. Depuis septembre, la masse monétaire M3 a progressé de 4,6 %, soit un rythme comparable à celui de l’année précédente. Quant aux prix à la consommation, ils sont négatifs depuis le début de l’année ! (-1,1 % en juin sur un an). Bref, la BNS a de la marge de manœuvre pour agir.Aubaine pour la France et l’AllemagneQuel est le grand gagnant de cette politique ? Les entreprises exportatrices suisses, évidemment, qui peuvent compter sur ce seuil comme d’un bouclier contre l’appréciation de leurs prix de vente. Mais aussi l’Etat allemand et français. Car la BNS achète à 60 % des obligations d’Etat de la zone euro pour constituer son stock de devises. Et à 86 %, il s’agit de titres notés AAA. La France, malgré sa dégradation par S&P, est en effet encore notée AAA par Fitch et Moody’s et est donc considérée comme AAA par la BNS qui effectue une « moyenne » des notes réalisées par les trois agences. Du coup, la pression sur le franc suisse fait les affaires de Paris et Berlin qui voit ainsi la demande de leurs dettes augmenter et leurs taux reculer. 
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