La BCE est contrainte de gérer une Europe de plus en plus éclatée

Jamais au cours de ses onze ans d'histoire la Banque centrale européenne n'avait été confrontée à pareil casse-tête. Pris dans la nasse de la crise grecque, les écarts de rendements longs entre les pays de la zone euro se creusent à des niveaux historiques et l'euro flanche. Il a frôlé hier son plus bas niveau de l'année, refluant en dessous de 1,33 dollar. Ce qui apparaît comme une bonne nouvelle à ceux, nombreux, qui se préoccupaient de sa surévaluation, pourrait se tranformer en cauchemar si sa dérive - qui lui a déjà fait perdre 11% de sa valeur face au billet vert depuis fin novembre - se muait en déroute. On ne s'étonnera donc pas que la BCE ait maintenu son taux directeur inchangé à 1% pour le onzième mois consécutif à l'issue de son conseil. Un statu quo qui devrait se prolonger tant que la crise n'aura pas trouvé d'issue qui mette fin à la situation de quasi panique qui s'est emparée des marchés. Ce n'est pas tant la décision monétaire qu'attendaient les observateurs que les commentaires du président de l'institution lors de sa conférence de presse mensuelle. Sans se départir de son flegme légendaire, Jean-Claude Trichet s'est avant tout voulu rassurant. Sur la reprise dans la zone euro d'abord, qu'il voit se poursuivre à un « rythme modér頻 quoique « inégal ». Sur la Grèce surtout : un défaut de paiement est « hors de question », a-t-il martelé, en dépit des inquiétudes quant à la capacité d'Athènes à résorber seule son déficit public. Le président s'est félicité du plan de secours décidé fin mars par les Etats européens et le FMI, jugeant ce plan « fonctionnel », alors que les marchés doutent de sa viabilité. Bouffée d'oxygène« Personne ne devrait prendre à la légère une déclaration signée par tous les chefs de gouvernement » de la zone euro, a-t-il déclaré. Et d'ajouter que la décision d'activer ce plan dépendait du gouvernement grec, et, dans ce cas là, « nous verrions comment le mettre en oeuvre ». Jean-Claude Trichet a également précisé (et la BCE formalisé par un communiqué) le prolongement au delà de la fin 2010 des règles assouplies de «collatéraux» -les titres éligibles - admis en garantie des opérations de refinancement, qui avait été annoncé lors de sa dernière audition devant le Parlement européen le 25 mars. Le seuil de crédit minimum pour les actifs éligibles sera maintenu au niveau de la catégorie d'investissement BBB-, au lieu de A- avant les soubresauts de l'automne 2008. Une décision qui devrait donner une bouffée d'oxygène à la Grèce et aux autres pays de la zone euro menacés de dégradation de leur note souveraine. Même si à partir de 2011, la BCE appliquera une série de décotes progressives sur les actifs classés de BBB+ à BBB-, qui remplacera la décote uniforme de 5 % actuellement appliquée. Isabelle Croizard
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