Les cimentiers restent zen

En Chine, tout est démesuré, ou presque. Non seulement le pays représente à lui seul la moitié de la consommation mondiale de ciment, à raison de 1,4 milliard de tonnes en 2009, mais il compte encore près de 4.000 producteurs, dont une multitude de petits acteurs. Ainsi, seuls 65 cimentiers chinois disposent d'une capacité de production annuelle supérieure à 5 millions de tonnes et les dix premiers cimentiers présents en Chine, dont le français Lafarge, ne pèsent que 30 % du marché.Précisément, les tests lancés par le gouvernement chinois visent certainement à réduire le nombre de ces petits acteurs fragiles, dont les installations sont souvent vétustes et polluantes. Les autorités chinoises cherchent notamment à diminuer le nombre de cimenteries fondées sur des technologies de production dites par voie humide, très consommatrices en énergie, afin de porter en 2015 à 90 % le taux d'usines utilisant des technologies par voie sèche.« C'est pourquoi la nouvelle politique du gouvernement chinois aura plus d'impact sur les sociétés implantées localement que sur des producteurs occidentaux et pourrait même bénéficier à ces groupes, dont les cimenteries sont plus efficientes », note Sabine Gromer, directeur chez Standard & Poor's.Il n'empêche, un éventuel éclatement de la bulle immobilière chinoise pourrait avoir un impact sur un groupe comme Lafarge. Il serait toutefois modéré. « Même si la Chine est un marché stratégique pour Lafarge depuis qu'il y a pénétré en 1994, nous estimons que le chiffre d'affaires de Lafarge en Chine est limité au regard des ventes mondiales du groupe au point d'être largement inférieur à 10 %, l'ensemble de l'Asie représentant 17,4 % au premier semestre », reprend Sabine Gromer.En outre, le cimentier français n'est pas présent dans les régions côtières (excepté à Shanghai où il détient deux usines de plâtre) mais a choisi de se développer dans les provinces de l'Ouest (Sichuan, Chongqing, Guizhou et le Yunnan). Dans ces régions prometteuses, soutenues par la politique du « Go West », l'urbanisation est encore limitée (avec un taux de 35 % contre 55 % pour les régions côtières et 90 % à Shanghai et Pékin). Et si les prix de l'immobilier y ont connu une envolée en 2009 (+ 21 % à Chongqing, + 42 % à Chengdu), leur évolution est sans commune mesure avec la flambée subie par les régions côtières (+ 80 % à + 120 %). Enfin, la production de Lafarge en Chine n'est destinée que pour 30 % au marché résidentiel, contre 70 % aux projets d'infrastructures, ce qui limite aussi les risques. Sophie SanchezLire aussi l'interview de Bruno Lafont, PDG de Lafarge, page 7.
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