Nicolas Sarkozy a engagé la bataille de la crédibilité pour 2012

Nicolas Sarkozy a donné le ton, mercredi, devant les députés de l'UMP : « Je suis l'un des rares présidents de la République à n'avoir jamais lâché une réforme »... Engagé en première ligne dans la bataille des retraites, « la mère des réformes » du quinquennat, le chef de l'Etat joue en ce moment une partie serrée contre l'opposition de gauche, appuyée par une opinion majoritairement hostile à un projet jugé inefficace et injuste. Avec des syndicats qui se dérobent à tout compromis, le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault brandissant désormais la menace de grèves reconductibles. Nicolas Sarkozy veut défier sa propre impopularité et faire de la réforme « un emblème » et « une preuve » de son engagement électoral de « changer la France ». Après la séquence sécuritaire de cet été, le chef de l'Etat retrouve le costume de réformateur revêtu dès son élection en 2007, lorsqu'il avait lancé l'autonomie des universités. Un projet très controversé qui est entré en vigueur en dépit de longs mois de contestation. Pour réussir un nouveau passage en force, l'Elysée, Matignon et l'UMP ont adopté un seul mot d'ordre depuis le succès de la journée de mobilisation de mardi : « pédagogie ». Il s'agit notamment de miser sur la résignation des Français face au report « incontournable » de l'âge légal de départ en retraite de 60 à 62 ans. Et de faire du projet gouvernemental le seul texte « crédible » face au contre-projet élaboré par le Parti socialiste et qui grignote du terrain dans l'opinion. Un sondage publié jeudi par BVA indique qu'une nette majorité de Français (55 %, contre 43 %) appelle Nicolas Sarkozy à céder sur l'âge légal.Tenir ses « engagements »Dès l'ouverture du débat parlementaire, François Fillon s'est chargé de porter le fer contre le PS. « Un projet, c'est important, mais la crédibilité de ceux qui le portent, c'est aussi important. Or, depuis 1993, la gauche n'a jamais tenu un seul des engagements qu'elle a pris en matière de retraites ! » a-t-il lancé. Et à l'UMP on ne se prive pas d'ironiser sur une première secrétaire du PS qui « défile dans la rue mais se défile à la télévision ». Martine Aubry a en effet laissé à Ségolène Royal le soin d'occuper jeudi soir le plateau de France 2, après François Fillon. Mercredi, c'est l'ancien premier secrétaire du PS, François Hollande, qui était l'invité du « 20 heures » de TF1. Cette discrétion de la maire de Lille nourrit les attaques de la droite et, à gauche, les reproches des partenaires du PS sur l'ambiguïté des socialistes dans le dossier des retraites. Personne n'a oublié qu'en janvier, Martine Aubry avait semblé lâcher du lest sur l'âge légal, avant de faire du maintien des 60 ans la pierre angulaire de son contre-projet, avec la taxation des revenus du capital. Dominique Strauss-Kahn, favori au PS pour la présidentielle de 2012, avait expliqué en mai que les 60 ans n'étaient « ni un dogme ni un tabou ». « Depuis l'échec de Lionel Jospin, en 2002, la gauche a du mal à faire croire aux Français qu'elle peut offrir une alternative. On va l'aider à continuer sur cette route », ironise un responsable de l'UMP. Un proche de Nicolas Sarkozy tempère cet optimisme : « La majorité doit surtout s'aider elle-même à retrouver une crédibilité sur les fondamentaux de 2007. »
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